l’Eucharistie, source de Vie
Résolution : Pour garder la foi et l’espérance malgré l’infertilité, j’ai besoin d’aller à la Messe au moins tous les dimanches et de recevoir Jésus-Echaristie le plus possible. Je peux aussi demander aux prêtres d’offrir le saint sacrifice de la Messe pour que notre couple connaisse la joie d’être parents.
Jésus-Eucharistie renouvelle notre corps, notre esprit et notre âme
« Ah ! qu’il fut doux le premier baiser de Jésus à mon âme ! Ce fut un baiser d’amour, je me sentais aimée, et je disais aussi : « Je vous aime, je me donne à Vous pour toujours ». Il n’y eut pas de demandes, pas de luttes, de sacrifices. Depuis longtemps, Jésus et la pauvre petite Thérèse s’étaient regardés et s’étaient compris. Ce jour-là, ce n’était plus un regard, mais une fusion, ils n’étaient plus deux, Thérèse avait disparu, comme la goutte d’eau qui se perd au sein de l’océan. Jésus restait seul, Il était le maître, le Roi (…). Le Ciel n’était-il pas dans mon âme ? »
Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte Face, Manuscrit A, 35ème r
Mariage et Eucharistie : Le magnifique et indispensable discours de Saint Jean-Paul II pour les couples
Voici la Prédication de notre Pape, Saint Jean-Paul II « L’Alliance s’exprime à travers le signe du Mariage intimement lié à l’Eucharistie » aux Foyers des Équipes Notre-Dame du Père Henri Caffarel lors de leur Pèlerinage à Rome le Jeudi 23 septembre 1982.
Chers Frères et Sœurs,
Vous avez choisi comme lumière pour éclairer votre pèlerinage à Rome la Parole du Seigneur : « Si tu savais le don de Dieu ».
Vous avez été bien inspirés. Cette interrogation pressante et joyeuse traverse toute la Bible et nous atteint tous : « Si tu savais le don de Dieu ! ». Si tu savais, toi qui cherches à boire, poussé par une soif terrestre, si tu savais la source intarissable ! Elle est près de toi, mais sauras-tu la reconnaître ?
Cette question vous concerne vous aussi, époux chrétiens. Vous le savez bien, vous qui gardez et développez le souci de remonter à la source de votre amour et de votre grâce au sein de vos Equipes, sous le patronage de Notre-Dame, Mère du bel amour.
LE MYSTÈRE DE L’ALLIANCE
1. Dès les origines, le Don de Dieu à l’homme c’est la vie et l’amour. Et ce Don, cette Grâce s’exprime dans la grâce d’un visage, d’une femme, Eve, la mère des vivants, image bien imparfaite, mais image tout de même de la nouvelle Eve, Marie, pleine de grâce. La joie d’Adam, comblé dans son attente, éclate : « Celle-ci est os de mes os et chair de ma chair » (Gen. 2, 23). Tous deux s’extasient devant l’amour et la vie partagés lorsque naît leur premier fils : « J’ai acquis un homme de par Yahvé ! » (Ibid. 4, 1). Et pourtant ils ne soupçonnent pas l’étendu ni la profondeur du don de Dieu (Cf. Eph. 3, 18-19).
Cette Grâce, ce Don de l’amour et de la vie n’est en effet qu’une première étape. Le Seigneur veut se lier à l’humanité, « s’accorder » avec elle. Il fait alliance avec son peuple choisi : « Je suis Yahvé ton Dieu, qui t’ai fait sortir d’Egypte… Tu n’auras pas d’autres dieux devant moi » (Ex. 20, 2-3). Mais cette Alliance n’est pas un simple contrat ni une alliance politique: comme le Seigneur y engage sa Parole et sa Vie, elle appelle amour et tendresse. L’Alliance s’exprime à travers le signe du Mariage. Les prophètes creusent ce mystère de l’Alliance à travers l’histoire orageuse de la fidélité de Yahvé et des infidélités de son Peuple, parfois même à travers leur propre vie conjugale (Cf. Os. 2, 21-22), et Jérémie va jusqu’à annoncer une Alliance nouvelle (Ier. 31, 31).
Et de fait, « quand vint la plénitude des temps, Dieu envoya son Fils né d’une femme » (Gal. 4, 4). Le Christ épouse la condition humaine dans le sein de la Vierge Marie. « Le Verbe se fait chair ». Alliance indéfectible, car rien jamais plus ne pourra séparer l’homme de Dieu, unis pour toujours en Jésus-Christ (Cf. Rom. 8, 35-39). C’est encore en termes d’épousailles que se dit le mystère : Jésus accomplit son premier signe aux noces de Cana (Cf. Io. 2, 11); puis l’Evangile laisse entendre que le véritable époux, c’est lui (Cf. Io. 3, 29 ; Eph. 5, 31-32). Jésus va jusqu’au bout de l’amour (Cf. Io. 15, 13 ; 13, 1), il scelle l’Alliance dans le sang de sa Croix et « remet son Esprit » (Ibid. 19, 30) à l’Eglise, son Epouse.
L’Eglise apparaît ainsi comme le terme de l’Alliance : comblée du don de Dieu, elle est l’Epouse aimée et féconde qui engendre de nouveaux enfants jusqu’à la fin des temps. « Sacrement universel du salut » (Cf. Gaudium et Spes, 41, 1 et 42, 3 ; cf. Lumen Gentium, 1, 1 et 48), elle conduira petit à petit l’humanité, par l’annonce de la Parole et par les sacrements, à vivre pleinement le don de Dieu dans l’Alliance qui lui est offerte.
EUCHARISTIE ET MARIAGE
2. Les Sacrements sont ainsi des lieux de la célébration et de l’accomplissement de l’Alliance. L’Eucharistie l’est à un titre éminent (Cf. Presbyterorum Ordinis, 5), mais le Mariage « intimement lié » à l’Eucharistie (Familiaris Consortio, 57), présente un lien particulier avec l’Alliance. L’ancienne Alliance s’est exprimée dans le signe du Mariage des hommes ; mais la réalité du Mariage chrétien est comme habitée et transfigurée par la Nouvelle Alliance.
J’ai souligné dans l’exhortation apostolique « Familiaris Consortio », consacrée à la famille, à la suite du Synode de 1980, la nécessité « de découvrir et d’approfondir cette relation » (Ibid.). Votre pèlerinage à Rome me donne l’occasion d’ouvrir quelques pistes, qu’il vous appartient d’explorer plus avant.
COMMUNION
L’Eucharistie en effet nous rend accessible l’Alliance, en même temps le don et Celui qui se donne : Sacrement par excellence de l’Alliance, elle est mystère de communion, d’unité, dans le respect de la personne de chacun : « Celui qui mange ma chair demeure en moi et moi en lui » (Io. 6, 56). « De même que… je vis par le Père, celui qui mange ma chair vivra aussi par moi » (Io. 6, 57). Elle manifeste la communion du Père et du Fils dans l’Esprit en entraînant dans cette communion les fidèles, qui se trouvent ainsi en communion les uns avec les autres (Cf. 1 Cor. 10, 17). Par la chair du Christ ressuscité s’opère la communion dans l’Esprit: « Celui qui s’unit au Seigneur n’est avec lui qu’un esprit » (Ibid. 6, 17).
L’accomplissement de l’Alliance dans l’Eucharistie se répercute dans l’alliance conjugale. Le Sacrement de Mariage ne réalise-t-il pas aussi une communion où l’unité dans la chair conduit à la communion de l’esprit ? Comme l’Alliance du Christ, l’alliance conjugale entraîne les époux à vivre la fidélité dans « la tendresse et la miséricorde » en même temps que dans « la justice et le droit » (Os. 2, 21). « Le mariage des baptisés devient ainsi le symbole réel de l’Alliance nouvelle et éternelle, scellée dans le sang du Christ. L’Esprit, que répand le Seigneur, leur donne un cœur nouveau et rend l’homme et la femme capables de s’aimer comme le Christ nous a aimés » (Familiaris Consortio, 13). « C’est dans ce sacrifice de la nouvelle et éternelle Alliance que les époux chrétiens trouvent la source jaillissante qui modèle intérieurement et vivifie constamment leur alliance conjugale » (Ibid. 57). Près du Seigneur ils apprennent à aimer « jusqu’au bout », dans le don et le pardon. Et comme Il vit lui-même une Alliance indissoluble, ils apprendront de lui la fidélité sans faille à la parole et à la vie données.
L’Alliance, non seulement inspire la vie du couple, mais s’accomplit en elle en ce sens qu’elle déploie son énergie propre dans la vie des époux : elle « modèle » de l’intérieur leur amour: ils s’aiment non seulement comme le Christ a aimé, mais déjà, mystérieusement, de l’amour même du Christ, puisque son Esprit leur est donné… dans la mesure où ils se laissent « modeler » par Lui (Cf. Gal. 2, 25 ; Eph. 4, 23). A la Messe, par le ministère du Prêtre, l’Esprit du Seigneur fait du pain et du vin le Corps et le Sang du Seigneur ; dans et par le Sacrement du Mariage, l’Esprit peut faire de l’amour conjugal l’amour même du Seigneur; si les époux se laissent transformer, ils peuvent aimer avec « le cœur nouveau » promis par l’Alliance Nouvelle (Cf. Familiaris Consortio, 20).
« Appel du corps et de l’instinct, force du sentiment et de l’affectivité, aspiration de l’esprit et de la volonté » (Familiaris Consortio, 13), par le don du Seigneur l’amour des hommes peut être totalement irradié par la Source de l’amour et manifester véritablement l’Alliance nouvelle et éternelle qui rayonne en lui.
Nous sommes très loin ici, bien sûr, d’une simple poussée instinctive ou d’un simple accord temporaire lié aux intérêts immédiats escomptés auxquels beaucoup de gens, aujourd’hui, tendent à réduire ce don du Seigneur qu’est l’amour !
3. J’ai dit : « Si les époux se laissent transformer », car le don proposé par Dieu ne rencontre pas que consentement : dès les origines il se heurte au refus et à l’orgueil. Les tentatives toujours renaissantes d’un christianisme sans sacrifice sont vouées à l’échec : elles se heurtent à la réalité du péché. La mission du Christ n’est accomplissement de l’homme que par sa mort et sa résurrection. L’Eucharistie nous rappelle sans cesse que le sang de l’Alliance nouvelle et éternelle est « versé en rémission des péchés » (Matth. 26, 28). L’Alliance est scellée dans le sang de l’Agneau.
Rien d’étonnant alors à ce que le Sacrement de Mariage engage les époux sur un chemin où ils rencontreront la Croix. Croix à l’intérieur du couple, sacrifice de l’égoïsme de chacun, refus, faiblesses, déceptions appelant le pardon, ruptures. Croix venant des enfants, de leurs limites, de leurs infirmités, de leurs infidélités. Croix des foyers stériles. Croix de ceux dont la fidélité à l’alliance suscite moqueries, ironie ou même persécutions. Nous ne vivons pas dans un monde innocent ! L’amour comme toute réalité humaine a besoin d’être sauvé, racheté. Mais la fréquentation de l’Eucharistie permet aux époux de faire de leurs épreuves un chemin de communion, une participation au Sacrifice du Seigneur, une nouvelle manière de vivre l’Alliance et, par-delà la Croix, par-delà toutes les formes de mort qui jalonnent leur existence, d’accéder à la joie : le Mariage chrétien est une Pâque.
4. Le Sacrifice du Seigneur en effet le conduit à la Résurrection et au don de l’Esprit. Il débouche sur l’action de grâce et la louange du Père. C’est bien le sens originaire du mot « Eucharistie » où nous prenons la « coupe de bénédiction » (1 Cor. 10, 16). La bénédiction de l’alliance d’Adam et Eve s’achève dans la bénédiction du nouvel Adam et de la nouvelle Eve. Immergée dans l’Alliance du Christ et de l’Eglise (Cf. Eph. 5, 25 s.), l’alliance conjugale débouche aussi dans la joie, la gratitude et l’action de grâce. En ce sens également chaque famille chrétienne est appelée à devenir une « petite Eglise », un Lieu où retentit la louange et l’adoration (Cf. Ibid. 5, 19). Les époux exercent là leur sacerdoce de baptisés. Foyers des Equipes Notre-Dame, vous avez vous-mêmes contribué à la remise en honneur de la prière en foyer, et vous avez rendu par là un service appréciable. La « reconnaissance », l’action de grâce et la joie fondées non sur l’illusion, mais sur la vérité du don et du pardon, ont aussi un rôle à jouer dans le monde : crispé sur ce qu’il conquiert, il risque de perdre le sens du gratuit. Il se ferme alors à la gratitude, à l’action de grâce, sources de la joie, oubliant qu’il est non seulement « digne et juste » de rendre grâce, mais aussi « salutaire » !
FAIRE L’EGLISE
5. Je viens d’évoquer le service rendu à l’Eglise par la prière des Equipes. Je tiens à insister sur la dimension ecclésiale de votre vocation conjugale. L’Alliance nouvelle et éternelle est offerte à la « multitude » (Matth. 26, 27). Si personnelle que soit la rencontre eucharistique de chaque chrétien, elle concerne le Corps tout entier. « L’Eglise fait l’Eucharistie, mais l’Eucharistie fait l’Eglise ». Par-delà les diversités de race, de nation, de sexe, de classe, l’Eucharistie fait éclater les frontières, le corps eucharistique du Christ construit son Corps mystique qui est l’Eglise. La célébration de l’Alliance nouvelle et éternelle donne pleine consistance à l’Assemblée chrétienne : celle-ci « fait corps » dans le corps du Christ (Cf. 1 Cor. 10, 17). Mais loin de l’enfermer dans l’intimisme de quelque chambre haute, l’Eucharistie la fait éclater aux quatre coins du monde. L’Esprit du Christ ressuscité assure en même temps la Communion et la Mission (Cf. Act. 1, 13 ; 2, 4 ; Matth. 28, 18-20).
« Dans le don eucharistique de la charité, la famille chrétienne trouve le fondement et l’âme de sa « communion » et de sa « mission » : le pain eucharistique fait des différents membres de la communauté familiale un seul corps… » et en même temps il nourrit le « dynamisme missionnaire et apostolique » (Familiaris Consortio, 57). Sacrement de l’Alliance, l’Eglise domestique qu’est le foyer vivra intensément la communion, une communion non point repliée dans l’intimisme, mais toute ouverte à la mission. Cellule d’Eglise ouverte aux autres communautés, la famille chrétienne n’est pas une chapelle fermée, un cénacle. C’est pourquoi vous devez avoir le souci de travailler en communion étroite avec vos évêques et les pasteurs de l’Eglise, à commencer par vos curés de paroisses.
Votre vocation de « bâtisseurs » de l’Eglise commence par un don généreux de la vie (même dans l’Eglise, beaucoup de foyers ne savent plus que « les enfants sont le don le plus excellent du Mariage » (Gaudium et Spes, 50). Elle se poursuit dans les activités multiples que chaque couple peut mener selon sa vocation propre, de la catéchèse à l’animation liturgique ou à l’action apostolique sous toutes ses formes. Chaque foyer apprendra à discerner sa vocation propre en confrontant ses goûts, ses talents et ses possibilités avec les besoins et les appels de l’Eglise et du monde. Car le service missionnaire le plus urgent dépasse les frontières de l’Eglise. Ce monde vieilli (Familiaris Consortio, 6), ne croit plus à la vie, à l’amour, à la fidélité, au pardon; il a besoin de signes de l’Alliance nouvelle et éternelle, qui lui révèlent et l’amour authentique, et la fidélité jusque dans la croix, et la joie de la vie, et la force du pardon ; il lui faut réapprendre le prix d’une parole donnée et tenue, dans une vie offerte. A travers la fidélité des époux, il pourra entrevoir la fidélité du Dieu vivant.
JUSQU’À CE QU’IL VIENNE
6. L’Eucharistie enfin annonce et prépare le retour du Seigneur et l’accomplissement définitif de l’Alliance. L’Eucharistie est une nourriture pour le chemin : elle prépare le temps où elle-même ne sera plus nécessaire parce que « nous le verrons tel qu’il est » (1 Io. 3, 2). Loin de nous conduire à mépriser le temps qui passe, elle nous donne de faire de l’éternel avec du temporel, mais en même temps elle nous évite de nous enliser dans le présent en nous rappelant notre condition de nomades sur cette terre (Hebr. 11, 9-11; Phil. 3, 20 ; 1 Petr. 2, 11). Peuple vers la Cité de Dieu, vers la Jérusalem céleste, où nous serons comblés du don de Dieu.
Cette perspective eschatologique de l’Eucharistie rejaillit jusque dans le Mariage. Celui-ci porte la marque de l’éphémère : « Elle passe la figure de ce monde » (1 Cor. 7, 31). Cependant le corps est plus que le corps, il est le signe de l’esprit qui l’habite (Cf. Jean-Paul II Allocution en Audience Générale du 28 juillet 1982 : vide supra, pp. 132 ss.), le Mariage chrétien est plus que la chair. « L’amour est plus que l’amour » (Paul VI Allocution aux « Equipes Notre-Dame » du 4 mai 1970 : Enseignements de Paul VI, VIII (1970) 427). Transfiguré par l’Esprit, l’amour construit de l’éternité car « l’amour ne passe jamais » (1 Cor. 13, 8). Mais en même temps un amour conjugal authentique, pétri pourtant de tendresse et de fidélité, empêche de s’arrêter à son conjoint en une adoration indue : il conduit de l’alliance conjugale à l’Alliance divine et de l’image à sa Source. C’est pourquoi il se reconnaît inséparable d’un autre signe de l’Alliance : le célibat « pour le Royaume » (Matth. 19, 12 ; cf. Jean-Paul II Allocution en Audience Générale du 30 juin 1982 : Enseignement de Jean-Paul II, V, 2 (1982) 2452 ss.). Celui-ci rappelle à tous que le don par excellence de Dieu n’est pas une créature, si aimée soit-elle, mais le Seigneur lui-même : « Ton époux, c’est ton créateur » (Is. 54, 5). Le véritable Epoux des noces définitives, c’est le Christ, et l’Epouse, c’est l’Eglise (Cf. Matth. 22, 1-14). La virginité consacrée, signe du monde à venir (Familiaris Consortio, 16), retentit comme un appel au cœur de tous les foyers chrétiens. Elle n’est ni peur ni refoulement mais l’appel d’un plus grand amour (Cf. Allocution en Audience Générale du 21 avril 1982 : Enseignements de Jean-Paul II, V, 1 (1982) 1270 ss.). J’ai tenu à rappeler que, en ce sens, « l’Eglise… a toujours défendu sa supériorité par rapport au Mariage » (Familiaris Consortio, 16) même si cela est mal compris aujourd’hui. C’est vous dire l’importance que l’Eglise attache à un certain climat dans les familles chrétiennes pour qu’y fleurisse, dans la liberté et la joie, l’appel à tout quitter pour le Christ.
CHEMINEMENT
7. « Si tu savais le don de Dieu ». Vous n’aurez pas assez, Frères et Sœurs, de toute votre vie conjugale pour explorer l’incommensurable Don de Dieu qui vous est fait dans votre Sacrement de l’alliance. L’Eglise n’aura pas assez de temps sur son chemin terrestre pour explorer le Don de Dieu, « la hauteur et la profondeur, la longueur et la largeur de l’amour de Dieu qui défie toute connaissance » (Eph. 3, 18-19). Raison de plus pour s’y attacher dès maintenant, en foyer, en Equipes et en Eglise.
Pourtant ce rappel de l’ambition de Dieu sur le Mariage de ses enfants pourrait peut-être vous accabler : comment assumer une telle mission parmi les hommes et les femmes d’aujourd’hui ?
Vous avez raison de reconnaître vos limites : l’humilité est le premier pas vers la sainteté Mais vous ne devez pas pour autant rabaisser les ambitions de Dieu sur vous ; comment l’amour pourrait-il subsister s’il ne reflétait la sainteté de sa source, dans la fidélité et la fécondité ? « Si le mariage chrétien est comparable à une très haute montagne qui met les époux dans le voisinage immédiat de Dieu, il faut bien reconnaître que son ascension exige beaucoup de temps et beaucoup de peine. Mais serait-ce une raison de supprimer ou de rabaisser un tel sommet ? »(Jean-Paul II Homélie à Kinshasa du 3 mai 1980 : Enseignements de Jean-Paul II, III, 1 (1980) 1075).
Le décalage que vous percevez entre l’attente du Père et vos pauvres réponses ne doit pas vous paralyser mais vous rendre plus dynamiques encore. Vous savez par expérience qu’une vraie mère ne se fait pas complice des refus de manger, de travailler ou d’aimer de ses enfants ! Elle les presse d’avancer sur la route de la vie, sans faiblesse ni dureté, avec une tendre et miséricordieuse exigence. Mais vous savez aussi par expérience qu’un père aimant n’accable pas ses enfants parce qu’ils grandissent lentement ! Dans l’exhortation apostolique, j’ai parlé non pas de la « gradualité de la loi », car les exigences de la création et de la rédemption du corps nous concernent tous dès aujourd’hui, mais de la gradualité du « cheminement pédagogique de croissance » (Familiaris consortio, 9). N’est-ce pas toute notre vie chrétienne qui doit être pensée en termes de cheminement ?
Dans chacun des domaines où vous vous heurtez à des obstacles, dans l’amour et ses expressions, ses réticences et ses reprises, dans les difficiles problèmes de la régulation des naissances – pour aboutir à des relations conjugales « maîtrisées et respectueuses de la nature et des finalités de l’acte matrimonial » (Allocution au « Centre de Liaison des Equipes de Recherche » du 3 nov. 1979 : Enseignements de Jean-Paul II, II, 2 (1979) 1033) et garder toujours un respect absolu de la vie humaine – et de même pour ce qui est de votre rôle dans l’Eglise et dans le monde, je vous renvoie à ce que vous disait Paul VI dans le célèbre discours qu’il vous adressait en 1970 : « Le cheminement des époux, comme toute vie humaine, connaît bien des étapes, et les phases difficiles et douloureuses y ont aussi leur place. Mais il faut le dire hautement : jamais l’angoisse ni la peur ne devraient se trouver chez les âmes de bonne volonté, car enfin l’Evangile n’est-il pas une bonne nouvelle aussi pour les foyers, et un message qui, s’il est exigeant, n’en est pas moins profondément libérateur ? » (Paul VI Allocution aux « Equipes Notre-Dame » du 4 mai 1970 : Enseignements de Paul VI, VIII (1970) 433).
Vos combats spirituels, et même le regret de vos péchés, confiés au Seigneur dans le Sacrement de la Réconciliation (Familiaris Consortio, 58), ont encore un rôle à jouer : ils peuvent vous rendre plus fraternels envers vos frères et vos sœurs éprouvés par les échecs de toutes sortes, par l’abandon du conjoint, la solitude ou les déséquilibres, et vous aider, sans rien renier de la vocation des couples à la sainteté, à accompagner ces frères et à les remettre en route.
8. Ces dernières réflexions ne nous ont pas éloignés de l’Eucharistie, elles nous y ramènent au contraire : l’Eucharistie n’est-elle pas un viatique pour ceux qui marchent ? N’est-elle pas la rencontre avec Celui qui est la Vérité et la Vie, et en même temps le Chemin ? (Cf. Io. 14, 6)
Alors, Frères et Sœurs très aimés, vivez au cœur du Sacrement de l’Alliance, votre Mariage étant nourri de l’Eucharistie et l’Eucharistie éclairée par votre Sacrement de Mariage ; il y va de l’avenir du monde. Que malgré vos limites et vos faiblesses, humblement et fièrement en même temps, votre lumière brille à la face des hommes. Les hommes de notre temps se pressent autour de tant de sources polluées ! Que votre vie tout entière les conduise au puits de Jacob, que votre vie de couple et de famille les interroge : « Si tu savais le don de Dieu ! ». Qu’en vous voyant vivre ils entrevoient le « oui » enthousiaste du Seigneur à l’amour authentique ! Que votre vie tout entière leur fasse entendre l’appel du Christ : « Celui qui a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive, celui qui croit en moi. Comme dit l’Ecriture : de son sein jailliront des fleuves d’eau vive » (Ibid. 7, 37-38).
Que Notre-Dame vous obtienne à tous d’accueillir le Don de Dieu et de le donner aux hommes comme elle l’a fait !
Et moi, de grand cœur, à chacun de vos foyers, à tous les membres des Equipes Notre-Dame, surtout à ceux qui connaissent l’épreuve, et aussi aux prêtres et aux religieuses qui accompagnent votre réflexion, je donne ma Bénédiction Apostolique.
Saint Jean-Paul II – à Rome le Jeudi 23 septembre 1982 pour les Equipes Notre-Dame.
Source : https://site-catholique.fr/index.php?post/Discours-de-Jean-Paul-II-aux-Equipes-Notre-Dame
Petite leçon de catéchisme
«Je suis le pain de vie. celui qui vient à moi n’aura jamais faim et celui qui croit en moi n’aura jamais soif» (Jean VI, 35)
En étudiant la vie de Jésus, nous admirons sa puissance : Il peut tout ce qu’il veut. Lazare est mort depuis 4 jours, déjà son corps se décompose dans le tombeau. Jésus vient et dit : « Lazare, sors du tombeau ». Lazare se lève plein de vie.
Or Jésus a voulu nous donner son Corps en nourriture. Il le promit à ses apôtres aux Juifs qui le suivaient après le miracle de la multiplication des pains : « Je suis le pain de vie, dit-il : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement… Le pain que je donnerai c’est ma chair… »
La veille de sa mort, le Jeudi saint au soir, comme Il avait rassemblé ses apôtres dans un dernier repas, il leur dit : « J’ai désiré d’un grand désir de manger cette pâque avec vous… »
Pendant le repas il prit du pain et, après avoir rendu grâces, le bénit, le rompit, et le donna à ses disciples en disant :
« Prenez et mangez en tous, ceci est mon Corps, le Corps qui est livré pour vous ». Il prit ensuite une coupe et, ayant rendu grâces, il la leur donna en disant : « Buvez en tous : car ceci est mon sang, le sang de l’alliance qui sera répandu pour un grand nombre en rémission des péchés… Faites ceci en mémoire de moi ».
Comprenons bien ce que Jésus vient de faire ; dès qu’Il dit : « Ceci est mon corps », le pain est changé en son Corps ; « Ceci est mon Sang », le vin est changé en son Sang.
Quand il ajoute : « Faites ceci en mémoire de moi », Il donne à ses Apôtres et à tous les prêtres le pouvoir de changer, comme lui, le pain en son Corps, le vin en son Sang. C’est depuis ce jour que l’Eucharistie est instituée.
Qu’est-ce que l’Eucharistie ?
L’Eucharistie est un sacrement qui contient réellement le Corps, le Sang, l’Âme et la divinité de Jésus-Christ sous les apparences de pain et de vin. (Ces apparences sont ce qui apparaît à nos sens, comme la couleur, le goût, la forme du pain et du vin).
Quand Jésus a t-il institué ce sacrement ?
Il a institué l’Eucharistie le Jeudi saint, la veille de sa mort.
Que fit Jésus Christ pour instituer l’Eucharistie ?
Jésus pris du pain, le bénit, le rompit et le donna à ses apôtres en disant : « Prenez et mangez, car ceci est mon Corps ». Il prit ensuite le calice où était le vin et le donna à ses apôtres en disant : « Prenez et buvez, car ceci est mon sang ; faites ceci en mémoire de moi ».
Par ces paroles « Ceci est mon Corps, Ceci est mon Sang », Jésus a changé le pain en son Corps et le vin en son Sang. Par « Faites ceci en mémoire de moi », Jésus a donné à ses apôtres et à tous les prêtres de pouvoir changé comme lui la pain en son Corps et le vin en son Sang.
Quand se fait le changement ? (la transsubstantiation)
Le changement se fait à la Messe, au moment de la Consécration, lorsque le prêtre prononce les paroles mêmes de Jésus : « Ceci est mon Corps, ceci est mon Sang ».
Pourquoi Jésus a-t-il institué l’Eucharistie?
- Pour continuer à s’offrir en sacrifice à Dieu son Père;
- Pour être la nourriture de nos âmes dans la communion;
- Pour demeurer toujours avec nous.
Quels sont nos devoirs envers Jésus présent dans l’Eucharistie?
- L’adorer;
- Respecter les lieux où il se trouve;
- Lui rendre souvent visite dans les églises.
Liturgie
Le jeudi après la fête de la Sainte Trinité, l’Eglise a placé la fête de Notre Seigneur présent dans l’Eucharistie. Le nom habituel est la Fête-Dieu.
Source : Catéchisme pour les diocèses de langue française, éditions Clovis, réédition des catéchismes des chanoines Quinet et Boyer, Suresnes, 2015, p.167-171.
Pour aller plus loin... Le catéchisme de l'Eglise catholique
Article 3 LE SACREMENT DE L’EUCHARISTIE
1322 La Sainte Eucharistie achève l’initiation chrétienne. Ceux qui ont été élevés à la dignité du sacerdoce royal par le baptême et configurés plus profondément au Christ par la confirmation, ceux-là, par le moyen de l’Eucharistie, participent avec toute la communauté au sacrifice même du Seigneur.
1323 » Notre Sauveur, à la dernière Cène, la nuit où il était livré, institua le sacrifice eucharistique de son Corps et de son Sang pour perpétuer le sacrifice de la croix au long des siècles, jusqu’à ce qu’il vienne, et pour confier à l’Église, son Épouse bien-aimée, le mémorial de sa mort et de sa résurrection : sacrement de l’amour, signe de l’unité, lien de la charité, banquet pascal dans lequel le Christ est reçu en nourriture, l’âme est comblée de grâce et le gage de la gloire future nous est donné » (SC 47).
I. L’Eucharistie – source et sommet de la vie ecclésiale
1324 L’Eucharistie est » source et sommet de toute la vie chrétienne » (LG 11). » Les autres sacrements ainsi que tous les ministères ecclésiaux et les tâches apostoliques sont tous liés à l’Eucharistie et ordonnés à elle. Car la sainte Eucharistie contient tout le trésor spirituel de l’Église, c’est-à-dire le Christ lui-même, notre Pâque » (PO 5).
1325 » La communion de vie avec Dieu et l’unité du peuple de Dieu, par lesquelles l’Église est elle-même, l’Eucharistie les signifie et les réalise. En elle se trouve le sommet à la fois de l’action par laquelle, dans le Christ, Dieu sanctifie le monde, et du culte qu’en l’Esprit Saint les hommes rendent au Christ et, par lui, au Père » (CdR, instr. » Eucharisticum mysterium » 6).
1326 Enfin, par la célébration eucharistique nous nous unissons déjà à la liturgie du ciel et nous anticipons la vie éternelle quand Dieu sera tout en tous (cf. 1 Co 15, 28).
1327 Bref, l’Eucharistie est le résumé et la somme de notre foi : » Notre manière de penser s’accorde avec l’Eucharistie, et l’Eucharistie en retour confirme notre manière de penser » (S. Irénée, hær. 4, 18, 5).
II. Comment est appelé ce sacrement ?
1328 La richesse inépuisable de ce sacrement s’exprime dans les différents noms qu’on lui donne. Chacun de ces noms en évoque certains aspects. On l’appelle :
Eucharistie parce qu’il est action de grâces à Dieu. Les mots eucharistein (Lc 22, 19 ; 1 Co 11, 24) et eulogein (Mt 26, 26 ; Mc 14, 22) rappellent les bénédictions juives qui proclament – surtout pendant le repas – les œuvres de Dieu : la création, la rédemption et la sanctification.
1329 Repas du Seigneur (cf. 1 Co 11, 20) parce qu’il s’agit de la Cène que le Seigneur a pris avec ses disciples la veille de sa passion et de l’anticipation du repas des noces de l’Agneau (cf. Ap 19, 9) dans la Jérusalem céleste.
Fraction du Pain parce que ce rite, propre au repas juif, a été utilisé par Jésus lorsqu’il bénissait et distribuait le pain en maître de table (cf. Mt 14, 19 ; 15, 36 ; Mc 8, 6. 19), surtout lors de la dernière Cène (cf. Mt 26, 26 ; 1 Co 11, 24). C’est à ce geste que les disciples le reconnaîtront après sa résurrection (cf. Lc 24, 13-35), et c’est de cette expression que les premiers chrétiens désigneront leurs assemblées eucharistiques (cf. Ac 2, 42. 46 ; 20, 7. 11). Ils signifient par là que tous ceux qui mangent à l’unique pain rompu, le Christ, entrent en communion avec Lui et ne forment plus qu’un seul corps en Lui (cf. 1 Co 10, 16-17).
Assemblée eucharistique (synaxis) parce que l’Eucharistie est célébrée en l’assemblée des fidèles, expression visible de l’Église (cf. 1 Co 11, 17-34).
1330 Mémorial de la passion et de la résurrection du Seigneur.
Saint Sacrifice, parce qu’il actualise l’unique sacrifice du Christ Sauveur et qu’il inclut l’offrande de l’Église ; ou encore saint sacrifice de la messe, » sacrifice de louange « (He 13, 15 ; cf. Ps 116, 13. 17), sacrifice spirituel (cf. 1 P 2, 5), sacrifice pur (cf. Ml 1, 11) et saint, puisqu’il achève et dépasse tous les sacrifices de l’Ancienne Alliance.
Sainte et divine Liturgie, parce que toute la liturgie de l’Église trouve son centre et son expression la plus dense dans la célébration de ce sacrement ; c’est dans le même sens qu’on l’appelle aussi célébration des Saints Mystères. On parle aussi du Très Saint Sacrement parce qu’il est le sacrement des sacrements. On désigne de ce nom les espèces eucharistiques gardées dans le tabernacle.
1331 Communion, parce que c’est par ce sacrement que nous nous unissons au Christ qui nous rend participants de son Corps et de son Sang pour former un seul corps (cf. 1 Co 10, 16-17) ; on l’appelle encore les choses saintes : ta hagia ; sancta (Const. Ap. 8, 13, 12 ; Didaché 9, 5 ; 10, 6) – c’est le sens premier de la » communion des saints » dont parle le Symbole des Apôtres -, pain des anges, pain du ciel, médicament d’immortalité (S. Ignace d’Antioche, Eph. 20, 2), viatique…
1332 Sainte Messe parce que la liturgie dans laquelle s’est accompli le mystère du salut, se termine par l’envoi des fidèles ( » missio « ) afin qu’ils accomplissent la volonté de Dieu dans leur vie quotidienne.
III. L’eucharistie dans l’économie du salut
Les signes du pain et du vin
1333 Au cœur de la célébration de l’Eucharistie il y a le pain et le vin qui, par les paroles du Christ et par l’invocation de l’Esprit Saint, deviennent le Corps et le Sang du Christ. Fidèle à l’ordre du Seigneur l’Église continue de faire, en mémoire de Lui, jusqu’à son retour glorieux, ce qu’il a fait la veille de sa passion : » Il prit du pain… « , » Il prit la coupe remplie de vin… « . En devenant mystérieusement le Corps et le Sang du Christ, les signes du pain et du vin continuent à signifier aussi la bonté de la création. Ainsi, dans l’Offertoire, nous rendons grâce au Créateur pour le pain et le vin (cf. Ps 104, 13-15), fruit » du travail de l’homme « , mais d’abord » fruit de la terre » et » de la vigne « , dons du Créateur. L’Église voit dans le geste de Melchisédech, roi et prêtre, qui » apporta du pain et du vin » (Gn 14, 18) une préfiguration de sa propre offrande (cf. MR, Canon Romain 95 : » Supra quæ « ).
1334 Dans l’Ancienne Alliance, le pain et le vin sont offerts en sacrifice parmi les prémices de la terre, en signe de reconnaissance au Créateur. Mais ils reçoivent aussi une nouvelle signification dans le contexte de l’Exode : Les pains azymes qu’Israël mange chaque année à la Pâque, commémorent la hâte du départ libérateur d’Égypte ; le souvenir de la manne du désert rappellera toujours à Israël qu’il vit du pain de la Parole de Dieu (cf. Dt 8, 3). Enfin, le pain de tous les jours est le fruit de la Terre promise, gage de la fidélité de Dieu à ses promesses. La » coupe de bénédiction » (1 Co 10, 16), à la fin du repas pascal des juifs, ajoute à la joie festive du vin une dimension eschatologique, celle de l’attente messianique du rétablissement de Jérusalem. Jésus a institué son Eucharistie en donnant un sens nouveau et définitif à la bénédiction du pain et de la coupe.
1335 Les miracles de la multiplication des pains, lorsque le Seigneur dit la bénédiction, rompit et distribua les pains par ses disciples pour nourrir la multitude, préfigurent la surabondance de cet unique pain de son Eucharistie (cf. Mt 14, 13-21 ; 15, 32-39). Le signe de l’eau changé en vin à Cana (cf. Jn 2, 11) annonce déjà l’Heure de la glorification de Jésus. Il manifeste l’accomplissement du repas des noces dans le Royaume du Père, où les fidèles boiront le vin nouveau (cf. Mc 14, 25) devenu le Sang du Christ.
1336 La première annonce de l’Eucharistie a divisé les disciples, tout comme l’annonce de la Passion les a scandalisés : » Ce langage-là est trop fort ! Qui peut l’écouter ? » (Jn 6, 60). L’Eucharistie et la croix sont des pierres d’achoppement. C’est le même mystère, et il ne cesse d’être occasion de division. » Voulez-vous partir, vous aussi ? » (Jn 6, 67) : Cette question du Seigneur retentit à travers les âges, invitation de son amour à découvrir que c’est Lui seul qui a » les paroles de la vie éternelle » (Jn 6, 68) et qu’accueillir dans la foi le don de son Eucharistie, c’est l’accueillir Lui-même.
L’institution de l’Eucharistie
1337 Le Seigneur, ayant aimé les siens, les aima jusqu’à la fin. Sachant que l’heure était venue de partir de ce monde pour retourner à son Père, au cours d’un repas, il leur lava les pieds et leur donna le commandement de l’amour (cf. Jn 13, 1-17). Pour leur laisser un gage de cet amour, pour ne jamais s’éloigner des siens et pour les rendre participants de sa Pâque, il institua l’Eucharistie comme mémorial de sa mort et de sa résurrection, et il ordonna à ses apôtres de le célébrer jusqu’à son retour, » les établissant alors prêtres du Nouveau Testament » (Cc. Trente : DS 1740).
1338 Les trois évangiles synoptiques et S. Paul nous ont transmis le récit de l’institution de l’Eucharistie ; de son côté, S. Jean rapporte les paroles de Jésus dans la synagogue de Capharnaüm, paroles qui préparent l’institution de l’Eucharistie : Le Christ se désigne comme le pain de vie, descendu du ciel (cf. Jn 6).
1339 Jésus a choisi le temps de la Pâque pour accomplir ce qu’il avait annoncé à Capharnaüm : donner à ses disciples son Corps et son Sang :
Vint le jour des Azymes, où l’on devait immoler la pâque. [Jésus] envoya alors Pierre et Jean : ‘Allez dit-il, nous préparer la Pâque, que nous la mangions’… Ils s’en allèrent donc … et préparèrent la Pâque. L’heure venue, il se mit à table avec ses apôtres et leur dit : ‘J’ai désiré avec ardeur manger cette pâque avec vous avant de souffrir ; car je vous le dis, je ne la mangerai jamais plus jusqu’à ce qu’elle s’accomplisse dans le Royaume de Dieu’ … Puis, prenant du pain et rendant grâces, il le rompit et le leur donna, en disant : ‘Ceci est mon Corps, qui va être donné pour vous ; faites ceci en mémoire de moi’. Il fit de même pour la coupe après le repas, disant : ‘’Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon Sang, qui va être versé pour vous’ (Lc 22, 7-20 ; cf. Mt 26, 17-29 ; Mc 14, 12-25 ; 1 Co 11, 23-26).
1340 En célébrant la dernière Cène avec ses apôtres au cours du repas pascal, Jésus a donné son sens définitif à la pâque juive. En effet, le passage de Jésus à son Père par sa mort et sa résurrection, la Pâque nouvelle, est anticipée dans la Cène et célébrée dans l’Eucharistie qui accomplit la pâque juive et anticipe la pâque finale de l’Église dans la gloire du Royaume.
» Faites ceci en mémoire de moi «
1341 Le commandement de Jésus de répéter ses gestes et ses paroles » jusqu’à ce qu’il vienne « , ne demande pas seulement de se souvenir de Jésus et de ce qu’il a fait. Il vise la célébration liturgique, par les apôtres et leurs successeurs, du mémorial du Christ,de sa vie, de sa mort, de sa résurrection et de son intercession auprès du Père.
1342 Dès le commencement l’Église a été fidèle à l’ordre du Seigneur. De l’Église de Jérusalem il est dit :
Ils se montraient assidus à l’enseignement des apôtres, fidèles à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières… Jour après jour, d’un seul cœur, ils fréquentaient assidûment le Temple et rompaient le pain dans leurs maisons, prenant leur nourriture avec joie et simplicité de cœur (Ac 2, 42. 46).
1343 C’était surtout » le premier jour de la semaine « , c’est-à-dire le jour du dimanche, le jour de la résurrection de Jésus, que les chrétiens se réunissaient » pour rompre le pain » (Ac 20, 7). Depuis ces temps-là jusqu’à nos jours la célébration de l’Eucharistie s’est perpétuée, de sorte qu’aujourd’hui nous la rencontrons partout dans l’Église, avec la même structure fondamentale. Elle demeure le centre de la vie de l’Église.
1344 Ainsi, de célébration en célébration, annonçant le mystère pascal de Jésus » jusqu’à ce qu’Il vienne » (1 Co 11, 26), le peuple de Dieu en pèlerinage » s’avance par la porte étroite de la Croix » (AG 1) vers le banquet céleste, quand tous les élus s’assiéront à la table du Royaume.
IV. La célébration liturgique de l’eucharistie
La messe de tous les siècles
1345 Dès le deuxième siècle, nous avons le témoignage de S. Justin le Martyr sur les grandes lignes du déroulement de la célébration eucharistique. Elles sont restées les mêmes jusqu’à nos jours pour toutes les grandes familles liturgiques. Voici ce qu’il écrit, vers 155, pour expliquer à l’empereur païen Antonin le Pieux (138-161) ce que font les chrétiens :
[Le jour qu’on appelle jour du soleil, a lieu le rassemblement en un même endroit de tous ceux qui habitent la ville ou la campagne.
On lit les mémoires des Apôtres et les écrits des Prophètes, autant que le temps le permet.
Quand le lecteur a fini, celui qui préside prend la parole pour inciter et exhorter à l’imitation de ces belles choses.
Ensuite, nous nous levons tous ensemble et nous faisons des prières] pour nous-mêmes … et pour tous les autres, où qu’ils soient, afin que nous soyons trouvés justes par notre vie et nos actions et fidèles aux commandements, pour obtenir ainsi le salut éternel.
Quand les prières sont terminées, nous nous donnons un baiser les uns aux autres.
Ensuite, on apporte à celui qui préside les frères du pain et une coupe d’eau et de vin mélangés.
Il les prend et fait monter louange et gloire vers le Père de l’univers, par le nom du Fils et du Saint-Esprit et il rend grâce (en grec : eucharistian) longuement de ce que nous avons été jugés dignes de ces dons.
Quand il a terminé les prières et les actions de grâce, tout le peuple présent pousse une acclamation en disant : Amen.
Lorsque celui qui préside a fait l’action de grâce et que le peuple a répondu, ceux que chez nous on appelle diacres distribuent à tous ceux qui sont présents du pain, du vin et de l’eau » eucharistiés » et ils en apportent aux absents (S. Justin, apol. 1, 65 [le texte entre crochets est du chapitre 67]).
1346 La liturgie de l’Eucharistie se déroule selon une structure fondamentale qui s’est conservée à travers les siècles jusqu’à nous. Elle se déploie en deux grands moments qui forment une unité foncière :
– le rassemblement, la liturgie de la Parole, avec les lectures, l’homélie et la prière universelle ;
– la liturgie eucharistique, avec la présentation du pain et du vin, l’action de grâce consécratoire et la communion.
Liturgie de la Parole et liturgie eucharistique constituent ensemble » un seul et même acte du culte » (SC 56) ; en effet, la table dressée pour nous dans l’Eucharistie est à la fois celle de la Parole de Dieu et celle du Corps du Seigneur (cf. DV 21).
1347 N’est-ce pas là le mouvement même du repas pascal de Jésus ressuscité avec ses disciples : chemin faisant, il leur expliquait les Écritures, puis, se mettant à table avec eux, » il prit le pain, dit la bénédiction, le rompit et le leur donna » (cf. Lc 24, 13-35) ?
Le mouvement de la célébration
1348 Tous se rassemblent. Les chrétiens accourent dans un même lieu pour l’assemblée eucharistique. A sa tête le Christ lui-même qui est l’acteur principal de l’Eucharistie. Il est le grand prêtre de la Nouvelle Alliance. C’est Lui-même qui préside invisiblement toute célébration eucharistique. C’est en Le représentant que l’évêque ou le prêtre (agissant » in persona Christi capitis « ) préside l’assemblée, prend la parole après les lectures, reçoit les offrandes et dit la prière eucharistique. Tous ont leur part active dans la célébration, chacun à sa manière : les lecteurs, ceux qui apportent les offrandes, ceux qui donnent la communion, et le peuple tout entier dont l’Amen manifeste la participation.
1349 La liturgie de la Parole comporte » les écrits des prophètes « , c’est-à-dire l’Ancien Testament, et » les mémoires des apôtres « , c’est-à-dire leurs épîtres et les Évangiles ; après l’homélie qui exhorte à accueillir cette Parole comme ce qu’elle est vraiment, Parole de Dieu (cf. 1 Th 2, 13), et à la mettre en pratique, viennent les intercessions pour tous les hommes, selon la parole de l’Apôtre : » Je recommande donc, avant tout, qu’on fasse des demandes, des prières, des supplications, des actions de grâces pour tous les hommes, pour les rois et tous les dépositaires de l’autorité » (1 Tm 2, 1-2).
1350 La présentationdes oblats (l’offertoire) :on apporte alors, parfois en procession, le pain et le vin à l’autel qui seront offerts par le prêtre au nom du Christ dans le sacrifice eucharistique où ils deviendront le corps et le sang de Celui-ci. C’est le geste même du Christ à la Dernière Cène, » prenant du pain et une coupe « . » Cette oblation, l’Église seule l’offre, pure, au Créateur, en lui offrant avec action de grâce ce qui provient de sa création » (S. Irénée, hær. 4, 18, 4 ; cf. Ml 1, 11). La présentation des oblats à l’autel assume le geste de Melchisédech et confie les dons du créateur entre les mains du Christ. C’est Lui qui, dans Son sacrifice, mène à la perfection toutes les tentatives humaines d’offrir des sacrifices.
1351 Dès le début, les chrétiens apportent, avec le pain et le vin pour l’Eucharistie, leurs dons pour le partage avec ceux qui sont dans le besoin. Cette coutume de la collecte (cf. 1 Co 16, 1), toujours actuelle, s’inspire de l’exemple du Christ qui s’est fait pauvre pour nous enrichir (cf. 2 Co 8, 9) :
Ceux qui sont riches et qui veulent, donnent, chacun selon ce qu’il s’est lui-même imposé ; ce qui est recueilli est remis à celui qui préside et lui, il assiste les orphelins et les veuves, ceux que la maladie ou toute autre cause prive de ressources, les prisonniers, les immigrés et, en un mot, il secourt tous ceux qui sont dans le besoin (S. Justin, apol. 1, 67, 6).
1352 L’anaphore : Avec la prière eucharistique, prière d’action de grâce et de consécration, nous arrivons au cœur et au sommet de la célébration :
Dans la préface l’Église rend grâce au Père, par le Christ, dans l’Esprit Saint, pour toutes ses œuvres, pour la création, la rédemption et la sanctification. Toute la communauté rejoint alors cette louange incessante que l’Église céleste, les anges et tous les saints, chantent au Dieu trois fois Saint.
1353 Dans l’épiclèse elle demande au Père d’envoyer son Esprit Saint (ou la puissance de sa bénédiction : cf. MR, Canon Romain 90) sur le pain et le vin, afin qu’ils deviennent, par sa puissance, le Corps et le Sang de Jésus-Christ, et que ceux qui prennent part à l’Eucharistie soient un seul corps et un seul esprit (certaines traditions liturgiques placent l’épiclèse après l’anamnèse).
Dans le récit de l’institution la force des paroles et de l’action du Christ, et la puissance de l’Esprit Saint, rendent sacramentellement présents sous les espèces du pain et du vin son Corps et son Sang, son sacrifice offert sur la croix une fois pour toutes.
1354 Dans l’anamnèse qui suit, l’Église fait mémoire de la passion, de la résurrection et du retour glorieux du Christ Jésus ; elle présente au Père l’offrande de son Fils qui nous réconcilie avec Lui.
Dans les intercessions, l’Église exprime que l’Eucharistie est célébrée en communion avec toute l’Église du ciel et de la terre, des vivants et des défunts, et dans la communion avec les pasteurs de l’Église, le Pape, l’évêque du diocèse, son presbyterium et ses diacres, et tous les évêques du monde entier avec leurs églises.
1355 Dans la communion, précédée de la prière du Seigneur et de la fraction du pain, les fidèles reçoivent » le pain du ciel » et » la coupe du salut « , le Corps et le Sang du Christ qui s’est livré » pour la vie du monde » (Jn 6, 51) :
Parce que ce pain et ce vin ont été, selon l’expression ancienne, » eucharistiés « , » nous appelons cette nourriture Eucharistie et personne ne peut y prendre part s’il ne croit pas à la vérité de ce qu’on enseigne chez nous, s’il n’a reçu le bain pour la rémission des péchés et la nouvelle naissance et s’il ne vit selon les préceptes du Christ » (S. Justin, apol. 1, 66, 1-2).
V. Le sacrifice sacramentel : action de grâce, mémorial, présence
1356 Si les chrétiens célèbrent l’Eucharistie depuis les origines, et sous une forme qui, dans sa substance, n’a pas changé à travers la grande diversité des âges et des liturgies, c’est parce que nous nous savons liés par l’ordre du Seigneur, donné la veille de sa passion : » faites ceci en mémoire de moi » (1 Co 11, 24-25).
1357 Cet ordre du Seigneur, nous l’accomplissons en célébrant le mémorial de son sacrifice. Ce faisant, nous offrons auPère ce qu’il nous a Lui-même donné : les dons de sa création, le pain et le vin, devenus, par la puissance de l’Esprit Saint et par les paroles du Christ, le Corps et le Sang du Christ : le Christ est ainsi rendu réellement et mystérieusement présent.
1358 Il nous faut donc considérer l’Eucharistie
– comme action de grâce et louange au Père,
– comme mémorial sacrificiel du Christ et de son Corps,
– comme présence du Christ par la puissance de sa Parole et de son Esprit.
L’action de grâce et la louange au Père
1359 L’Eucharistie, sacrement de notre salut accompli par le Christ sur la croix, est aussi un sacrifice de louange en action de grâce pour l’œuvre de la création. Dans le sacrifice eucharistique, toute la création aimée par Dieu est présentée au Père à travers la mort et la résurrection du Christ. Par le Christ, l’Église peut offrir le sacrifice de louange en action de grâce pour tout ce que Dieu a fait de bon, de beau et de juste dans la création et dans l’humanité.
1360 L’Eucharistie est un sacrifice d’action de grâce au Père, une bénédiction par laquelle l’Église exprime sa reconnaissance à Dieu pour tous ses bienfaits, pour tout ce qu’il a accompli par la création, la rédemption et la sanctification. Eucharistie signifie d’abord : action de grâce.
1361 L’Eucharistie est aussi le sacrifice de louange, par lequel l’Église chante la gloire de Dieu au nom de toute la création. Ce sacrifice de louange n’est possible qu’à travers le Christ : Il unit les fidèles à sa personne, à sa louange et à son intercession, en sorte que le sacrifice de louange au Père est offert par le Christ et avec lui pour être accepté en lui.
Le mémorial sacrificiel du Christ et de son Corps, l’Église
1362 L’Eucharistie est le mémorial de la Pâque du Christ, l’actualisation et l’offrande sacramentelle de son unique sacrifice, dans la liturgie de l’Église qui est son Corps. Dans toutes les prières eucharistiques nous trouvons, après les paroles de l’institution, une prière appelée anamnèse ou mémorial.
1363 Dans le sens de l’Écriture Sainte le mémorial n’est pas seulement le souvenir des événements du passé, mais la proclamation des merveilles que Dieu a accomplies pour les hommes (cf. Ex 13, 3). Dans la célébration liturgique de ces événements, ils deviennent d’une certaine façon présents et actuels. C’est de cette manière qu’Israël comprend sa libération d’Égypte : chaque fois qu’est célébrée la pâque, les événements de l’Exode sont rendus présents à la mémoire des croyants afin qu’ils y conforment leur vie.
1364 Le mémorial reçoit un sens nouveau dans le Nouveau Testament. Quand l’Église célèbre l’Eucharistie, elle fait mémoire de la Pâque du Christ, et celle-ci devient présente : le sacrifice que le Christ a offert une fois pour toutes sur la Croix demeure toujours actuel (cf. He 7, 25-27) : » Toutes les fois que le sacrifice de la croix par lequel le Christ notre pâque a été immolé se célèbre sur l’autel, l’œuvre de notre rédemption s’opère » (LG 3).
1365 Parce qu’elle est mémorial de la Pâque du Christ, l’Eucharistie est aussi un sacrifice. Le caractère sacrificiel de l’Eucharistie est manifesté dans les paroles mêmes de l’institution : » Ceci est mon Corps qui va être donné pour vous » et » Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon Sang, qui va être versé pour vous » (Lc 22, 19-20). Dans l’Eucharistie le Christ donne ce corps même qu’il a livré pour nous sur la croix, le sang même qu’il a » répandu pour une multitude en rémission des péchés » (Mt 26, 28).
1366 L’Eucharistie est donc un sacrifice parce qu’elle représente (rend présent) le sacrifice de la croix, parce qu’elle en est le mémorial et parce qu’elle en applique le fruit :
[Le Christ] notre Dieu et Seigneur, s’offrit lui-même à Dieu le Père une fois pour toutes, mourant en intercesseur sur l’autel de la Croix, afin de réaliser pour eux (les hommes) une rédemption éternelle. Cependant, comme sa mort ne devait pas mettre fin à son sacerdoce (He 7, 24. 27), à la dernière Cène, » la nuit où il fut livré » (1 Co 11, 13), il voulait laisser à l’Église, son épouse bien-aimée, un sacrifice visible (comme le réclame la nature humaine), où serait représenté le sacrifice sanglant qui allait s’accomplir une unique fois sur la croix, dont la mémoire se perpétuerait jusqu’à la fin des siècles (1 Co 11, 23) et dont la vertu salutaire s’appliquerait à la rédemption des péchés que nous commettons chaque jour (Cc. Trente : DS 1740).
1367 Le sacrifice du Christ et le sacrifice de l’Eucharistie sont un unique sacrifice : » C’est une seule et même victime, c’est le même qui offre maintenant par le ministère des prêtres, qui s’est offert lui-même alors sur la Croix. Seule la manière d’offrir diffère » (Cc. Trente, sess. 22a, Doctrina de ss. Missae sacrificio, c. 2 : DS 1743). » Et puisque dans ce divin sacrifice qui s’accomplit à la messe, ce même Christ, qui s’est offert lui-même une fois de manière sanglante sur l’autel de la Croix, est contenu et immolé de manière non sanglante, ce sacrifice est vraiment propitiatoire » (ibid.).
1368 L’Eucharistie est également lesacrifice de l’Église. L’Église, qui est le Corps du Christ, participe à l’offrande de son Chef. Avec Lui, elle est offerte elle-même tout entière. Elle s’unit à son intercession auprès du Père pour tous les hommes. Dans l’Eucharistie, le sacrifice du Christ devient aussi le sacrifice des membres de son Corps. La vie des fidèles, leur louange, leur souffrance, leur prière, leur travail, sont unis à ceux du Christ et à sa totale offrande, et acquièrent ainsi une valeur nouvelle. Le sacrifice du Christ présent sur l’autel donne à toutes les générations de chrétiens la possibilité d’être unis à son offrande.
Dans les catacombes, l’Église est souvent représentée comme une femme en prière, les bras largement ouverts en attitude d’orante. Comme le Christ qui a étendu les bras sur la croix, par lui, avec lui et en lui, elle s’offre et intercède pour tous les hommes.
1369 Toute l’Église est unie à l’offrande et à l’intercession du Christ. Chargé du ministère de Pierre dans l’Église, le Pape est associé à toute célébration de l’Eucharistie où il est nommé comme signe et serviteur de l’unité de l’Église Universelle. L’évêque du lieu est toujours responsable de l’eucharistie, même lorsqu’elle est présidée par un prêtre ; son nom y est prononcé pour signifier sa présidence de l’Église particulière, au milieu du presbyterium et avec l’assistance des diacres. La communauté intercède aussi pour tous les ministres qui, pour elle et avec elle, offrent le sacrifice eucharistique :
Que cette eucharistie seule soit regardée comme légitime, qui se fait sous la présidence de l’évêque ou de celui qu’il en a chargé (S. Ignace d’Antioche, Smyrn. 8, 1).
C’est par le ministère des prêtres que se consomme le sacrifice spirituel des chrétiens, en union avec le sacrifice du Christ, unique Médiateur, offert au nom de toute l’Église dans l’Eucharistie par les mains des prêtres, de manière non sanglante et sacramentelle, jusqu’à ce que vienne le Seigneur lui-même (PO 2).
1370 A l’offrande du Christ s’unissent non seulement les membres qui sont encore ici-bas, mais aussi ceux qui sont déjà dans la gloire du ciel : C’est en communion avec la très Sainte Vierge Marie et en faisant mémoire d’elle, ainsi que de tous les saints et toutes les saintes, que l’Église offre le sacrifice eucharistique. Dans l’Eucharistie l’Église, avec Marie, est comme au pied de la Croix, unie à l’offrande et à l’intercession du Christ.
1371 Le sacrifice eucharistique est aussi offert pour les fidèles défunts » qui sont morts dans le Christ et ne sont pas encore pleinement purifiés » (Cc. Trente : DS 1743), pour qu’ils puissent entrer dans la lumière et la paix du Christ :
Enterrez ce corps n’importe où ! Ne vous troublez pas pour lui d’aucun souci ! Tout ce que je vous demande, c’est de vous souvenir de moi à l’autel du Seigneur où que vous soyez » (S. Monique, avant sa mort, à S. Augustin et son frère ; conf. 9, 11, 27).
Ensuite, nous prions [dans l’anaphore] pour les saints pères et évêques endormis, et en général pour tous ceux qui se sont endormis avant nous, en croyant qu’il y aura très grand profit pour les âmes, en faveur desquelles la supplication est offerte, tandis que se trouve présente la sainte et si redoutable victime… En présentant à Dieu nos supplications pour ceux qui se sont endormis, fussent-ils pécheurs, nous … présentons le Christ immolé pour nos péchés, rendant propice, pour eux et pour nous, le Dieu ami des hommes (S. Cyrille de Jérusalem, catech. myst. 5, 9. 10 : PG 33, 1116B-1117A).
1372 S. Augustin a admirablement résumé cette doctrine qui nous incite à une participation de plus en plus complète au sacrifice de notre Rédempteur que nous célébrons dans l’Eucharistie :
Cette cité rachetée tout entière, c’est-à-dire l’assemblée et la société des saints, est offerte à Dieu comme un sacrifice universel par le Grand Prêtre qui, sous la forme d’esclave, est allé jusqu’à s’offrir pour nous dans sa passion, pour faire de nous le corps d’un si grand Chef … Tel est le sacrifice des chrétiens : » à plusieurs, n’être qu’un seul corps dans le Christ » (Rm 12, 5). Et ce sacrifice, l’Église ne cesse de le reproduire dans le Sacrement de l’autel bien connu des fidèles, où il lui est montré que dans ce qu’elle offre, elle est elle-même offerte (S. Augustin, civ. 10, 6).
La présence du Christ par la puissance de sa Parole et de l’Esprit Saint
1373 » Le Christ Jésus qui est mort, qui est ressuscité, qui est à la droite de Dieu, qui intercède pour nous » (Rm 8, 34), est présent de multiples manières à son Église (cf. LG 48) : dans sa Parole, dans la prière de son Église, » là où deux ou trois sont rassemblés en mon nom » (Mt 18, 20), dans les pauvres, les malades, les prisonniers (Mt 25, 31-46), dans ses sacrements dont il est l’auteur, dans le sacrifice de la messe et en la personne du ministre. Mais » au plushaut point (il est présent) sous les espèces eucharistiques » (SC 7).
1374 Le mode de présence du Christ sous les espèces eucharistiques est unique. Il élève l’Eucharistie au-dessus de tous les sacrements et en fait » comme la perfection de la vie spirituelle et la fin à laquelle tendent tous les sacrements » (S. Thomas d’A., s. th. 3, 73, 3). Dans le très saint sacrement de l’Eucharistie sont » contenus vraiment,réellement et substantiellement le Corps et le Sang conjointement avec l’âme et la divinité de notre Seigneur Jésus-Christ, et, par conséquent, le Christ tout entier » (Cc Trente : DS 1651). » Cette présence, on la nomme ‘réelle’, non à titre exclusif, comme si les autres présences n’étaient pas ‘réelles’, mais par excellence parce qu’elle est substantielle, et que par elle le Christ, Dieu et homme, se rend présent tout entier » (MF 39).
1375 C’est par la conversion du pain et du vin au le Corps et au Sang du Christ que le Christ devient présent en ce sacrement. Les Pères de l’Église ont fermement affirmé la foi de l’Église en l’efficacité de la Parole du Christ et de l’action de l’Esprit Saint pour opérer cette conversion. Ainsi, S. Jean Chrysostome déclare :
Ce n’est pas l’homme qui fait que les choses offertes deviennent Corps et Sang du Christ, mais le Christ lui-même qui a été crucifié pour nous. Le prêtre, figure du Christ, prononce ces paroles, mais leur efficacité et la grâce sont de Dieu. Ceci est mon Corps, dit-il. Cette parole transforme les choses offertes (prod. Jud. 1, 6 : PG 49, 380C).
Et saint Ambroise dit au sujet de cette conversion :
Soyons bien persuadés que ceci n’est pas ce que la nature a formé, mais ce que la bénédiction a consacré, et que la force de la bénédiction l’emporte sur celle de la nature, parce que par la bénédiction la nature elle-même se trouve changée … La parole du Christ, qui a pu faire de rien ce qui n’existait pas, ne pourrait donc changer les choses existantes en ce qu’elles n’étaient pas encore ? Car ce n’est pas moins de donner aux choses leur nature première que de la leur changer (myst. 9, 50. 52 : PL 16, 405-406).
1376 Le Concile de Trente résume la foi catholique en déclarant : » Parce que le Christ, notre Rédempteur, a dit que ce qu’il offrait sous l’espèce du pain était vraiment son Corps, on a toujours eu dans l’Église cette conviction, que déclare le saint Concile de nouveau : par la consécration du pain et du vin s’opère le changement de toute la substance du pain en la substance du Corps du Christ notre Seigneur et de toute la substance du vin en la substance de son Sang ; ce changement, l’Église catholique l’a justement et exactement appelé transsubstantiation » (DS 1642).
1377 La présence eucharistique du Christ commence au moment de la consécration et dure aussi longtemps que les espèces eucharistiques subsistent. Le Christ est tout entier présent dans chacune des espèces et tout entier dans chacune de leurs parties, de sorte que la fraction du pain ne divise pas le Christ (cf. Cc. Trente : DS 1641).
1378 Le culte de l’Eucharistie. Dans la liturgie de la messe, nous exprimons notre foi en la présence réelle du Christ sous les espèces du pain et du vin, entre autres, en fléchissant les genoux, ou en nous inclinant profondément en signe d’adoration du Seigneur. » L’Église catholique a rendu et continue de rendre ce culte d’adoration qui est dû au sacrement de l’Eucharistie non seulement durant la messe, mais aussi en dehors de sa célébration : en conservant avec le plus grand soin les hosties consacrées, en les présentant aux fidèles pour qu’ils les vénèrent avec solennité, en les portant en procession » (MF 56).
1379 La sainte réserve (tabernacle) était d’abord destinée à garder dignement l’Eucharistie pour qu’elle puisse être portée aux malades et aux absents en dehors de la messe. Par l’approfondissement de la foi en la présence réelle du Christ dans son Eucharistie, l’Église a pris conscience du sens de l’adoration silencieuse du Seigneur présent sous les espèces eucharistiques. C’est pour cela que le tabernacle doit être placé à un endroit particulièrement digne de l’église ; il doit être construit de telle façon qu’il souligne et manifeste la vérité de la présence réelle du Christ dans le saint sacrement.
1380 Il est hautement convenable que le Christ ait voulu rester présent à son Église de cette façon unique. Puisque le Christ allait quitter les siens sous sa forme visible, il voulait nous donner sa présence sacramentelle ; puisqu’il allait s’offrir sur la Croix pour nous sauver, il voulait que nous ayons le mémorial de l’amour dont il nous a aimés » jusqu’à la fin » (Jn 13, 1), jusqu’au don de sa vie. En effet, dans sa présence eucharistique il reste mystérieusement au milieu de nous comme celui qui nous a aimés et qui s’est livré pour nous (cf. Ga 2, 20), et il le reste sous les signes qui expriment et communiquent cet amour :
L’Église et le monde ont un grand besoin du culte eucharistique. Jésus nous attend dans ce sacrement de l’amour. Ne refusons pas le temps pour aller Le rencontrer dans l’adoration, dans la contemplation pleine de foi et ouverte à réparer les fautes graves et les délits du monde. Que ne cesse jamais notre adoration (Jean Paul II, l. » Dominicæ cenæ » 3).
1381 » La présence du véritable Corps du Christ et du véritable Sang du Christ dans ce sacrement, ‘on ne l’apprend point par les sens, dit S. Thomas, mais par la foi seule, laquelle s’appuie sur l’autorité de Dieu’. C’est pourquoi, commentant le texte de S. Luc, 22, 19 : ‘Ceci est mon Corps qui sera livré pour vous’, saint Cyrille d’Alexandrie (Lc. 22, 19 : PG 72, 921B) déclare : ‘Ne va pas te demander si c’est vrai, mais accueille plutôt avec foi les paroles du Seigneur, parce que lui, qui est la Vérité, ne ment pas’ » (Thomas d’A., s. th. 3, 75, 1 cité par Paul VI, MF 18) :
Adoro te devote, latens Deitas,Quæ sub his figuris vere latitas :Tibi se cor meum totum subjicit,Quia te contemplans totum deficit. | Je T’adore profondément, divinité cachée,vraiment présente sous ces apparences ;à Toi mon cœur se soumet tout entierparce qu’à Te contempler, tout entier il défaille |
Visus, gustus, tactus in te fallitur,Sed auditu solo tuto creditur :Credo quidquid dixit Dei Filius :Nil hoc Veritatis verbo verius. | La vue, le goût, le toucher ne T’atteignent pas :à ce qu’on entend dire seulement il faut se fier ;je crois tout ce qu’a dit le Fils de Dieu ;rien de plus vrai que cette parole de la Vérité. |
VI. Le banquet pascal
1382 La messe est à la fois et inséparablement le mémorial sacrificiel dans lequel se perpétue le sacrifice de la croix, et le banquet sacré de la communion au Corps et au Sang du Seigneur. Mais la célébration du sacrifice eucharistique est toute orientée vers l’union intime des fidèles au Christ par la communion. Communier, c’est recevoir le Christ lui-même qui s’est offert pour nous.
1383 L’autel, autour duquel l’Église est rassemblée dans la célébration de l’Eucharistie, représente les deux aspects d’un même mystère : l’autel du sacrifice et la table du Seigneur, et ceci d’autant plus que l’autel chrétien est le symbole du Christ lui-même, présent au milieu de l’assemblée de ses fidèles, à la fois comme la victime offerte pour notre réconciliation et comme aliment céleste qui se donne à nous. » Qu’est-ce en effet l’autel du Christ sinon l’image du Corps du Christ ? » – dit S. Ambroise (sacr. 5, 7 : PL 16, 447C), et ailleurs : » L’autel représente le Corps [du Christ], et le Corps du Christ est sur l’autel » (sacr. 4, 7 : PL 16, 437D). La liturgie exprime cette unité du sacrifice et de la communion dans de nombreuses prières. Ainsi, l’Église de Rome prie dans son anaphore :
Supplices te rogamus, omnipotens Deus, jube hæc perferri per manus sancti Angeli tui in sublime altare tuum, in conspectu divinæ majestatis : ut quotquot ex hac altaris participatione sacrosanctum Filii tui Corpus et Sanguinem sumpserimus, omni benedictione cælesti et gratia repleamur. | Nous T’en supplions, Dieu Tout-Puissant : que [cette offrande] soit portée par ton ange en présence de ta gloire, sur ton autel céleste, afin qu’en recevant ici, par notre communion à cet autel, le corps et le sang de ton Fils, nous soyons comblés de ta grâce et de tes bénédictions. |
» Prenez et mangez en tous » : la communion
1384 Le Seigneur nous adresse une invitation pressante à le recevoir dans le sacrement de l’Eucharistie : » En vérité, en vérité, je vous le dis, si vous ne mangez la Chair du Fils de l’homme et ne buvez son Sang, vous n’aurez pas la vie en vous » (Jn 6, 53).
1385 Pour répondre à cette invitation, nous devons nous préparer à ce moment si grand et si saint. S. Paul exhorte à un examen de conscience : » Quiconque mange ce pain ou boit cette coupe du Seigneur indignement aura à répondre du Corps et du Sang du Seigneur. Que chacun donc s’éprouve soi-même et qu’il mange alors de ce pain et boive de cette coupe ; car celui qui mange et boit, mange et boit sa propre condamnation, s’il n’y discerne le Corps » (1 Co 11, 27-29). Celui qui est conscient d’un péché grave doit recevoir le sacrement de la Réconciliation avant d’accéder à la communion.
1386 Devant la grandeur de ce sacrement, le fidèle ne peut que reprendre humblement et avec une foi ardente la parole du Centurion (cf. Mt 8, 8) : » Domine, non sum dignus, ut intres sub tectum meum, sed tantum dic verbum, et sanabitur anima mea » ( » Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir, mais dis seulement une parole et je serai guéri « ). Et dans la Divine Liturgie de S. Jean Chrysostome, les fidèles prient dans le même esprit :
A ta cène mystique fais-moi communier aujourd’hui, ô Fils de Dieu. Car je ne dirai pas le Secret à tes ennemis, ni ne te donnerai le baiser de Judas. Mais, comme le larron, je te crie : Souviens-toi de moi, Seigneur, dans ton royaume.
1387 Pour se préparer convenablement à recevoir ce sacrement, les fidèles observeront le jeûne prescrit dans leur Église (cf. ⇒ CIC, can. 919). L’attitude corporelle (gestes, vêtement) traduira le respect, la solennité, la joie de ce moment où le Christ devient notre hôte.
1388 Il est conforme au sens même de l’Eucharistie que les fidèles, s’ils ont les dispositions requises (cf. ⇒ CIC 916), communient quand ils participent à la messe (Dans la même journée, les fidèles peuvent recevoir la très Sainte Communion deux fois, et seulement deux fois [cf. Pontificia Commissio Codicis Iuris Canonici authentice interpretando, Responsa ad proposita dubia, 1 : AAS 76 (1984), p. 746]) : » Il est vivement recommandé aux fidèles de participer à la Messe de façon plus parfaite en recevant aussi, après la communion du prêtre, le corps du Seigneur du même sacrifice » (SC 55).
1389 L’Église fait obligation aux fidèles de participer les dimanches et les jours de fête à la divine liturgie (cf. OE 15) et de recevoir au moins une fois par an l’Eucharistie, si possible au temps pascal (cf. ⇒ CIC, can. 920), préparés par le sacrement de la Réconciliation. Mais l’Église recommande vivement aux fidèles de recevoir la sainte Eucharistie les dimanches et les jours de fête, ou plus souvent encore, même tous les jours.
1390 Grâce à la présence sacramentelle du Christ sous chacune des espèces, la communion à la seule espèce du pain permet de recevoir tout le fruit de grâce de l’Eucharistie. Pour des raisons pastorales, cette manière de communier s’est légitimement établie comme la plus habituelle dans le rite latin. » La sainte communion réalise plus pleinement sa forme de signe lorsqu’elle se fait sous les deux espèces. Car, sous cette forme, le signe du banquet eucharistique est mis plus pleinement en lumière » (IGMR 240). C’est la forme habituelle de communier dans les rites orientaux.
Les fruits de la communion
1391 La communion accroît notre union au Christ. Recevoir l’Eucharistie dans la communion porte comme fruit principal l’union intime au Christ Jésus. Le Seigneur dit en effet : » Qui mange ma Chair et boit mon Sang demeure en moi et moi en lui » (Jn 6, 56). La vie en Christ trouve son fondement dans le banquet eucharistique : » De même qu’envoyé par le Père, qui est vivant, moi, je vis par le Père, de même, celui qui me mange, vivra, lui aussi, par moi » (Jn 6, 57) :
Lorsque dans les fêtes du Seigneur les fidèles reçoivent le Corps du Fils, ils proclament les uns aux autres la Bonne Nouvelle que les arrhes de la vie sont donnés, comme lorsque l’ange dit à Marie de Magdala : » Le Christ est ressuscité ! » Voici que maintenant aussi la vie et la résurrection sont conférées à celui qui reçoit le Christ (Fanqîth, Office syriaque d’Antioche, volume 1, Commun, 237a-b).
1392 Ce que l’aliment matériel produit dans notre vie corporelle, la communion le réalise de façon admirable dans notre vie spirituelle. La communion à la Chair du Christ ressuscité, » vivifiée par l’Esprit Saint et vivifiante » (PO 5), conserve, accroît et renouvelle la vie de grâce reçue au Baptême. Cette croissance de la vie chrétienne a besoin d’être nourrie par la communion eucharistique, pain de notre pèlerinage, jusqu’au moment de la mort, où il nous sera donné comme viatique.
1393 La communion nous sépare du péché. Le Corps du Christ que nous recevons dans la communion est » livré pour nous « , et le Sang que nous buvons, est » versé pour la multitude en rémission des péchés « . C’est pourquoi l’Eucharistie ne peut pas nous unir au Christ sans nous purifier en même temps des péchés commis et nous préserver des péchés futurs :
» Chaque fois que nous le recevons, nous annonçons la mort du Seigneur » (1 Co 11, 26). Si nous annonçons la mort du Seigneur, nous annonçons la rémission des péchés. Si, chaque fois que son Sang est répandu, il est répandu pour la rémission des péchés, je dois toujours le recevoir, pour que toujours il remette mes péchés. Moi qui pèche toujours, je dois avoir toujours un remède (S. Ambroise, sacr. 4, 28 : PL 16, 446A).
1394 Comme la nourriture corporelle sert à restaurer la perte des forces, l’Eucharistie fortifie la charité qui, dans la vie quotidienne, tend à s’affaiblir ; et cette charité vivifiée efface les péchés véniels (cf. Cc. Trente : DS 1638). En se donnant à nous, le Christ ravive notre amour et nous rend capables de rompre les attachements désordonnés aux créatures et de nous enraciner en Lui :
Puisque le Christ est mort pour nous par amour, lorsque nous faisons mémoire de sa mort au moment du sacrifice, nous demandons que l’amour nous soit accordé par la venue du Saint-Esprit ; nous prions humblement qu’en vertu de cet amour, par lequel le Christ a voulu mourir pour nous, nous aussi, en recevant la grâce du Saint-Esprit, nous puissions considérer le monde comme crucifié pour nous, et être nous-mêmes crucifiés pour le monde… Ayant reçu le don de l’amour, mourons au péché et vivons pour Dieu (S. Fulgence de Ruspe, Fab. 28, 16-19 : CCL 19A, 813-814 : LH, sem. 28, lundi, off. lect.).
1395 Par la même charité qu’elle allume en nous, l’Eucharistie nous préserve des péchés mortels futurs. Plus nous participons à la vie du Christ et plus nous progressons dans son amitié, plus il nous est difficile de rompre avec Lui par le péché mortel. L’Eucharistie n’est pas ordonnée au pardon des péchés mortels. Ceci est propre au sacrement de la Réconciliation. Le propre de l’Eucharistie est d’être le sacrement de ceux qui sont dans la pleine communion de l’Église.
1396 L’unité du Corps mystique : l’Eucharistie fait l’Église. Ceux qui reçoivent l’Eucharistie sont unis plus étroitement au Christ. Par là même, le Christ les unit à tous les fidèles en un seul corps : l’Église. La communion renouvelle, fortifie, approfondit cette incorporation à l’Église déjà réalisée par le Baptême. Dans le Baptême nous avons été appelés à ne faire qu’un seul corps (cf. 1 Co 12, 13). L’Eucharistie réalise cet appel : » La coupe de bénédiction que nous bénissons n’est-elle pas communion au Sang du Christ ? Le pain que nous rompons, n’est-il pas communion au Corps du Christ ? Puisqu’il n’y a qu’un pain, à nous tous nous ne formons qu’un corps, car tous nous avons part à ce pain unique » (1 Co 10, 16-17) :
Si vous êtes le corps du Christ et ses membres, c’est votre sacrement qui est placé sur la table du Seigneur, vous recevez votre sacrement. Vous répondez » Amen » ( » oui, c’est vrai ! « ) à ce que vous recevez, et vous y souscrivez en répondant. Tu entends ce mot : » le Corps du Christ » et tu réponds : » Amen « . Sois donc un membre du Christ pour que soit vrai ton Amen (S. Augustin, serm. 272 : PL 38, 1247).
1397 L’Eucharistie engage envers les pauvres : Pour recevoir dans la vérité le Corps et le Sang du Christ livrés pour nous, nous devons reconnaître le Christ dans les plus pauvres, Ses frères (cf. Mt 25, 40) :
Tu as goûté au sang du Seigneur et tu ne reconnais pas même ton frère. Tu déshonores cette table même, en ne jugeant pas digne de partager ta nourriture celui qui a été jugé digne de prendre part à cette table. Dieu t’a libéré de tous tes péchés et t’y a invité. Et toi, pas même alors, tu n’es devenu plus miséricordieux (S. Jean Chrysostome, hom. in 1 Cor. 27, 4 : PG 61, 229-230).
1398 L’Eucharistie et l’unité des chrétiens. Devant la grandeur de ce mystère, S. Augustin s’écrie : » O sacrement de la piété ! O signe de l’unité ! O lien de la charité ! » (ev. Jo. 26, 6, 13 ; cf. SC 47). D’autant plus douloureuses se font ressentir les divisions de l’Église qui rompent la commune participation à la table du Seigneur, d’autant plus pressantes sont les prières au Seigneur pour que reviennent les jours de l’unité complète de tous ceux qui croient en Lui.
1399 Les Églises orientales qui ne sont pas en pleine communion avec l’Église catholique célèbrent l’Eucharistie avec un grand amour. » Ces Églises, bien que séparées, ont de vrais sacrements, – principalement, en vertu de la succession apostolique : le Sacerdoce et l’Eucharistie, – qui les unissent intimement à nous » (UR 15). Une certaine communion in sacris, donc dans l’Eucharistie, est » non seulement possible, mais même recommandée, lors de circonstances favorables et avec l’approbation de l’autorité ecclésiastique » (UR 15 ; cf. ⇒ CIC, can. 844, § 3).
1400 Les communautés ecclésiales issues de la Réforme, séparées de l’Église catholique, » en raison surtout de l’absence du sacrement de l’Ordre, n’ont pas conservé la substance propre et intégrale du mystère eucharistique » (UR 22). C’est pour cette raison que, pour l’Église catholique, l’intercommunion eucharistique avec ces communautés n’est pas possible. Cependant, ces communautés ecclésiales, » lorsqu’elles font mémoire dans la sainte Cène de la mort et de la résurrection du Seigneur, professent que la vie consiste dans la communion au Christ et attendent son retour glorieux » (UR 22).
1401 Lorsqu’une nécessité grave se fait pressente, selon le jugement de l’ordinaire, les ministres catholiques peuvent donner les sacrements (Eucharistie, pénitence, onction des malades) aux autres chrétiens qui ne sont pas en pleine communion avec l’Église catholique, mais qui les demandent de leur plein gré : il faut alors qu’ils manifestent la foi catholique concernant ces sacrements et qu’ils se trouvent dans les dispositions requises (cf. ⇒ CIC, can. 844, § 4).
VII. L’eucharistie – » pignus futurae gloriae «
1402 Dans une antique prière, l’Église acclame le mystère de l’Eucharistie : » O sacrum convivium in quo Christus sumitur. Recolitur memoria passionis eius ; mens impletur gratia et futuræ gloriæ nobis pignus datur » (O banquet sacré où le Christ est notre aliment, où est ravivé le souvenir de sa passion, où la grâce emplit notre âme, où nous est donné le gage de la vie à venir). Si l’Eucharistie est le mémorial de la Pâque du Seigneur, si par notre communion à l’autel, nous sommes comblés » de toute bénédiction céleste et grâce » (MR, Canon Romain 96 : » Supplices te rogamus « ), l’Eucharistie est aussi l’anticipation de la gloire céleste.
1403 Lors de la dernière cène, le Seigneur a lui-même tourné le regard de ses disciples vers l’accomplissement de la Pâque dans le royaume de Dieu : » Je vous le dis, je ne boirai plus désormais de ce produit de la vigne jusqu’au jour où je boirai avec vous le vin nouveau dans le Royaume de mon Père » (Mt 26, 29 ; cf. Lc 22, 18 ; Mc 14, 25). Chaque fois que l’Église célèbre l’Eucharistie, elle se souvient de cette promesse et son regard se tourne vers » Celui qui vient » (Ap 1, 4). Dans sa prière, elle appelle sa venue : » Marana tha » (1 Co 16, 22), » Viens, Seigneur Jésus » (Ap 22, 20), » Que ta grâce vienne et que ce monde passe ! » (Didaché 10, 6).
1404 L’Église sait que, dès maintenant, le Seigneur vient dans son Eucharistie, et qu’il est là, au milieu de nous. Cependant, cette présence est voilée. C’est pour cela que nous célébrons l’Eucharistie » expectantes beatam spem et adventum Salvatoris nostri Jesu Christi » (en attendant la bienheureuse espérance et l’avénement de notre Sauveur Jésus-Christ – Embolisme après le Notre Père ; cf. Tt 2, 13), en demandant » d’être comblés de ta gloire, dans ton Royaume, tous ensemble et pour l’éternité, quand Tu essuieras toute larme de nos yeux ; en Te voyant, Toi notre Dieu, tel que Tu es, nous Te serons semblables éternellement, et sans fin nous chanterons ta louange, par le Christ, notre Seigneur » (MR, prière eucharistique III, 116 : prière pour les défunts).
1405 De cette grande espérance, celle des cieux nouveaux et de la terre nouvelle en lesquels habitera la justice (cf. 2 P 3, 13), nous n’avons pas de gage plus sûr, de signe plus manifeste que l’Eucharistie. En effet, chaque fois qu’est célébré ce mystère, » l’œuvre de notre rédemption s’opère » (LG 3) et nous » rompons un même pain qui est remède d’immortalité, antidote pour ne pas mourir, mais pour vivre en Jésus-Christ pour toujours » (S. Ignace d’Antioche, Eph. 20, 2).
EN BREF
1406 Jésus dit : » Je suis le pain vivant, descendu du ciel. Qui mangera ce pain vivra à jamais… Qui mange ma Chair et boit mon Sang a la vie éternelle … il demeure en moi et moi en lui » (Jn 6, 51. 54. 56).
1407 L’eucharistie est le cœur et le sommet de la vie de l’Église car en elle le Christ associe son Église et tous ses membres à son sacrifice de louange et d’action de grâces offert une fois pour toutes sur la Croix à son Père ; par ce sacrifice il répand les grâces du salut sur son Corps, qui est l’Église.
1408 La célébration eucharistique comporte toujours : la proclamation de la Parole de Dieu, l’action de grâce à Dieu le Père pour tous ses bienfaits, surtout pour le don de son Fils, la consécration du pain et du vin et la participation au banquet liturgique par la réception du Corps et du Sang du Seigneur. Ces éléments constituent un seul et même acte de culte.
1409 L’Eucharistie est le mémorial de la Pâque du Christ : c’est-à-dire de l’œuvre du salut accomplie par la vie, la mort et la résurrection du Christ, œuvre rendue présente par l’action liturgique.
1410 C’est le Christ lui-même, grand prêtre éternel de la nouvelle Alliance, qui, agissant par le ministère des prêtres, offre le sacrifice eucharistique. Et c’est encore le même Christ, réellement présent sous les espèces du pain et du vin, qui est l’offrande du sacrifice eucharistique.
1411 Seuls les prêtres validement ordonnés peuvent présider l’Eucharistie et consacrer le pain et le vin pour qu’ils deviennent le Corps et le Sang du Seigneur.
1412 Les signes essentiels du sacrement eucharistique sont le pain de blé et le vin du vignoble, sur lesquels est invoquée la bénédiction de l’Esprit Saint et le prêtre prononce les paroles de la consécration dites par Jésus pendant la dernière cène : » Ceci est mon corps livré pour vous … Ceci est la coupe de mon sang … «
1413 Par la consécration s’opère la transsubstantiation du pain et du vin dans le Corps et le Sang du Christ. Sous les espèces consacrées du pain et du vin, le Christ lui-même, vivant et glorieux, est présent de manière vraie, réelle et substantielle, son Corps et son Sang, avec son âme et sa divinité (cf. Cc. Trente : DS 1640 ; 1651).
1414 En tant que sacrifice, l’Eucharistie est aussi offerte en réparation des péchés des vivants et des défunts, et pour obtenir de Dieu des bienfaits spirituels ou temporels.
1415 Celui qui veut recevoir le Christ dans la Communion eucharistique doit se trouver en état de grâce. Si quelqu’un a conscience d’avoir péché mortellement, il ne doit pas accéder à l’Eucharistie sans avoir reçu préalablement l’absolution dans le sacrement de Pénitence.
1416 La sainte Communion au Corps et au Sang du Christ accroît l’union du communiant avec le Seigneur, lui remet les péchés véniels et le préserve des péchés graves. Puisque les liens de charité entre le communiant et le Christ sont renforcés, la réception de ce sacrement renforce l’unité de l’Église, Corps mystique du Christ.
1417 L’Église recommande vivement aux fidèles de recevoir la sainte communion quand ils participent à la célébration de l’Eucharistie ; elle leur en fait obligation au moins une fois par an.
1418 Puisque le Christ lui-même est présent dans le Sacrement de l’Autel, il faut l’honorer d’un culte d’adoration. » La visite au Très Saint Sacrement est une preuve de gratitude, un signe d’amour et un devoir d’adoration envers le Christ, notre Seigneur » (MF).
1419 Le Christ ayant passé de ce monde au Père, nous donne dans l’Eucharistie le gage de la gloire auprès de Lui : la participation au Saint Sacrifice nous identifie avec son Cœur, soutient nos forces au long du pèlerinage de cette vie, nous fait souhaiter la Vie éternelle et nous unit déjà à l’Église du Ciel, à la Sainte Vierge Marie et à tous les Saints.
Source :
Catéchisme de l’Eglise catholique, 2003,2ème partie de la célébration du mystère chrétien, 2ème section, 1er chapitre, article 3 « le sacrement de l’Eucharistie », Lien web