Saint Giuseppe Moscati (1880-1927)

 

Médecin de Naples, médecin des pauvres

Commémoré le 12 avril-16 novembre

 

La fête liturgique, pour l’Église universelle, est le 12 avril (dies natalis). Mais, à la demande des Jésuites de Naples, elle a été déplacée dans l’église du Gesù Nuovo au 16 novembre — date de la translation des restes du saint — pour éviter que celle-ci ne tombe pendant la Semaine sainte, ou une semaine proche de Pâques.

Giuseppe Moscati naît à Bénévent (en Campanie), le 25 juillet 1880, du magistrat Francesco Moscati et Rosa De Luca qui appartiennent à la lignée des marquis de Roseto. Il est baptisé six jours après la naissance, le 31 juillet 1880. En 1884, la famille s’installe à Naples,  Francesco Moscati ayant été nommé Président de la Cour d’Appel de cette ville. Le climat familial favorise l’éclosion d’une foi profonde et vécue.

En 1889, Giuseppe entre au lycée classique Vittorio Emanuele de Naples où, en 1897, il obtient son baccalauréat avec mention.

Ému par l’accident mortel d’un de ses frères, il décide de se mettre au service des malades et s’inscrit à la faculté de médecine. Il soutient une thèse sur l’uréogenèse hépatique, le 4 août 1903, et obtient son doctorat en médecine avec les félicitations du jury.

Giuseppe Moscati réussit le concours de collaborateur extraordinaire auprès de l’Hôpital des Incurables en 1903, puis celui d’assistant à l’Institut de chimie physiologique en 1908. Il se distingue pour son travail et son dévouement pendant l’éruption du Vésuve du 8 avril 1906. Les Hôpitaux réunis de Naples avaient une succursale à Torre del Greco, une petite ville près de Naples, à six kilomètres du cratère, où vivaient beaucoup de malades paralytiques et âgés. Moscati, pressentant le danger, fait évacuer 1’hôpital juste avant l’écroulement du toit et sauve tous ceux qui y étaient hospitalisés. Deux jours plus tard il envoie une lettre au directeur général des Hôpitaux réunis de Naples, proposant de gratifier les personnes qui l’avaient aidé, mais insiste surtout pour qu’on ne cite pas son nom.

Suite à l’épidémie de choléra de 1911, le Ministère de la Santé publique l’appelle pour faire des recherches sur l’origine du mal et les moyens les plus efficaces pour le vaincre. Il termine son étude rapidement, et présente les interventions nécessaires pour assainir la ville ; à sa grande satisfaction, il voit la réalisation de beaucoup de ses propositions.

Toujours en 1911, à 31 ans, le docteur Moscati est reçu au concours de collaborateur ordinaire aux Hôpitaux réunis et cette même année, sur l’initiative d’Antonio Cardarelli, l’Académie royale de médecine chirurgicale le nomme membre agrégé tandis que le Ministère de l’Instruction publique lui attribue le doctorat en chimie physiologique.

Outre son intense travail entre l’Université et l’hôpital, le professeur Moscati assure aussi la direction de l’Institut d’anatomo-pathologie. Dans la salle d’autopsie, Le professeur Moscati fait accrocher un crucifix avec l’inscription « Ero mors tua, o mors » (Osée 13,14: « Ô mort, je serai ta mort »).

Sa mère meurt le 25 novembre 1914 du diabète ; quelques années plus tard, il est l’un des premiers médecins à Naples, à expérimenter l’insuline et à enseigner à un groupe de médecins les modalités du traitement du diabète. L’insuline fut expérimentée sur les humains pour la première fois en janvier 1922.

Pendant la Première guerre mondiale, il demande à aller sur le front ce qui n’est pas accepté, les autorités militaires préférant lui confier le soins des blessés. Il visitera et soignera environ 3.000 militaires.

Le Conseil d’administration de l’Hôpital des Incurables le nomme officiellement, en 1919, directeur de la IIIe salle des hommes, tandis qu’il continue à enseigner à un grand nombre d’étudiants.

Le 14 octobre 1922 le Ministère de l’Instruction publique lui attribue la libera docenza (titre académique italien permettant d’enseigner à titre privé dans les universités et les autres instituts supérieurs) en médecine clinique.

Trois jours après Moscati écrit : « Aime la vérité, montre la personne que tu es, sans feinte et sans peur, sans aucun ménagement. Et si la Vérité te vaut la persécution, toi, accepte-la, si elle t’apporte le tourment, toi, supporte-le. Et si pour la Vérité, il te fallait sacrifier toi-même et ta vie, sois fort dans le sacrifice ».

Le 12 avril 1927, un mardi saint, le professeur Moscati, après avoir participé à la messe, comme chaque jour, et reçu la communion, passe la matinée à l’hôpital, puis il rentre chez lui et après le repas s’occupe, gratuitement comme d’habitude, des patients venus le consulter à son domicile. Vers 15 h, il a un malaise et s’assit dans son fauteuil, où il s’éteint sereinement. Il a 47 ans.

Son corps est enseveli au cimetière de Poggioreale. Mais trois ans plus tard, le 16 novembre 1930, sur l’insistance de plusieurs personnalités du clergé et du laïcat, l’archevêque de Naples, le cardinal Alessio Ascalesi, permet la translation du corps à l’église du Gesù Nuovo, au milieu d’une double haie de personnes. Le corps est déposé dans une salle derrière l’autel de saint François Xavier où, aujourd’hui, une pierre en marbre, à droite de cet autel, en fait mémoire.

Le 25 octobre 1987, à 10 h du matin, place Saint-Pierre, à Rome, saint Jean-Paul II (Karol Józef Wojtyła, 1978-2005), en présence de plus de 100.000 personnes, admet officiellement Giuseppe Moscati au nombre des Saints, seulement 60 ans après sa mort.