Septembre 2017
Pour tous les couples qui espèrent accueillir un enfant, ceux qui ont accepté l’idée de ne pas en avoir, pour tous les couples en démarche d’adoption, pour tous ceux qui vivent une grossesse difficile…
« Courage, Calme, Confiance »
(devise empruntée au sanctuaire de Pellevoisin)
Au nom du Père et du Fils et Saint-Esprit. Amen.
Prions en ce jour avec :
Alessandra di Rudini
Conversion, Mère de famille puis Carmélite au Puy en Velay
La Famille
Au plus profond du coeur de l’homme sont inscrits le désir et la nostalgie de Dieu. Saint Augustin, au commencement de ses Confessions, témoigne du caractère impérieux de ce désir: «Vous nous avez fait pour Vous, Seigneur, et notre coeur est inquiet tant qu’il ne se repose en Vous» (Confessions 1, 1, 1). Nous allons voir cette «inquiétude» orienter le cheminement d’une âme vers la vérité.
Alessandra di Rudini naît le 5 octobre 1876 à Rome, dans une famille de la haute aristocratie sicilienne. Son père, le marquis di Rudini, maire de Palerme à vingt-cinq ans, après le coup de main du «condottiere» Garibaldi sur la Sicile des Bourbons, sera plusieurs fois ministre. Il partage l’hostilité du roi Victor-Emmanuel II vis-à-vis de l’Église. Marie de Barral, la mère d’Alessandra, souffre des idées révolutionnaires de son mari; sa faible santé ne lui permet pas de donner à sa fille tous les soins dont son affection voudrait l’entourer. Alessandra a un frère aîné, Carlo.
Par votre intercession, Alessandra, que le Bon Dieu garde notre couple solidement uni grâce à la prière et à l’espérance.
Je vous salue Marie ×3
La Foi
«Sandra» montre dès son enfance un caractère têtu et indomptable. Fascinée par les chevaux, elle deviendra vite une excellente cavalière. À dix ans, elle est mise en pension au Sacré-Coeur de la Trinité-des-Monts, à Rome. Sa mère espère que les Religieuses l’aideront à corriger son caractère indépendant; mais Sandra se comporte en rebelle, fait les «quatre cents coups» au sein de l’internat et dissipe les autres pensionnaires. Elle est renvoyée à la fin de l’année scolaire. Son père la met alors à l’Annonciation de Poggio Imperiale; dans ce collège d’esprit libéral, la directrice lui donne toute liberté de suivre son penchant immodéré pour la lecture… Malgré tout, en peu de temps, Sandra devient une excellente élève; toutefois, dès l’âge de treize ans, influencée par un maître incroyant, elle éprouve des doutes contre la foi. «Son intelligence était comme un volcan, toujours en éruption», dira une de ses camarades. Au reste, elle a un coeur d’or et revient souvent au pensionnat la bourse plate, ayant tout donné à des pauvres.
À l’âge de seize ans, de retour à l’hôtel familial, Sandra n’y trouve pas sa mère, qui a dû se retirer, malade, dans une maison de santé. Elle se rapproche alors de son père, qui est fier d’elle: de grande taille, aussi belle qu’intelligente, Sandra est de celles qu’on remarque. Elle remplit le rôle de maîtresse de maison tout en se laissant initier à la grande politique, par son père, qui sera plusieurs fois président du Conseil. Cependant, une profonde crise spirituelle vient troubler son âme. «Il me semblait, dira-t-elle plus tard, que tout croulait autour de moi, et je cherchais avec une passion désespérée le point d’appui ferme, hors de moi-même. Je me rappelle certaines nuits d’anxiété et de peine indicible. Il n’y a pas de pire douleur que celle de l’esprit qui cherche et ne peut atteindre la vérité». Conscient de la difficulté rencontrée par les personnes en quête de vérité, le Pape Jean-Paul II écrivait: «Il n’y a pas de préparation plus urgente à l’annonce du message évangélique que celle-ci: conduire les hommes à la découverte de leur capacité de connaître la vérité et de leur désir d’aller vers le sens ultime et définitif de l’existence» (Encyclique Fides et ratio, septembre 1998; n. 102)
La lecture de la Vie de Jésus de Renan, ouvrage qui nie le surnaturel et ne voit en Jésus qu’un «homme extraordinaire», est fatale à la foi vacillante d’Alessandra. De ce jour, elle dira plus tard: il «fut un des plus tristes de mon existence. À ce moment, je sentis que la vie perdait pour moi son unique raison d’être». Une longue route de ténèbres s’ouvre pour la jeune fille. Elle cherche à faire diversion en fréquentant la société la plus choisie: elle part en croisière sur le yacht personnel de l’empereur d’Allemagne Guillaume II, entretient d’étroites relations avec la reine Marguerite d’Italie… À dix-huit ans, Sandra surprend son entourage en épousant Marcello Carlotti da Garda, marquis de Riparbella, de dix ans son aîné. Peut-être cette décision s’explique-t-elle en partie par le désir de la jeune fille de quitter le foyer familial: son père vient de prendre chez lui une maîtresse, qui deviendra sa femme après la mort de Marie de Barral, survenue en 1896. Les jeunes mariés s’installent dans la luxueuse propriété des Carlotti à Garde. Dans les années qui suivent, la jeune femme donne le jour à deux garçons, Antonio et Andrea.
Mais Marcello présente bientôt les symptômes de la tuberculose. Dès le début de 1900, il se sait perdu et s’efforce d’envisager sa mort en adepte des théories matérialistes. Son épouse écrit à cette époque: «Marcello fait tous ses efforts pour se montrer serein et je dirais presque indifférent… Néanmoins, je suis presque sûre que tout cela est artificiel et que le malheureux souffre deux fois, en ne voulant pas même montrer qu’il souffre». De ce fait, Sandra, à ce moment, revient quelque peu à la foi et se préoccupe de ne pas laisser son mari quitter ce monde sans les secours de la religion. Elle s’adresse à un prélat de Vérone, Mgr Serenelli; mais celui-ci ne peut rien faire de plus que manifester de la sympathie au ménage éprouvé: le marquis Carlotti refuse tout secours religieux. Il s’éteint le 29 avril 1900, sans avoir donné aucun signe d’ouverture aux réalités éternelles. Alessandra reste veuve à 24 ans avec deux enfants, et le sentiment de n’avoir pas su mener à bien sa mission spirituelle auprès de son mari.
Par votre intercession, Alessandra, que nous maintenions fermement en nous un grand désir de sainteté malgré nos imperfections et nos faiblesses.
Je vous salue Marie ×3
La confiance en Dieu
Cependant, la marquise se consacre de l’éducation de ses fils et paraît reprendre goût à la vie. En novembre 1901, elle écrit à Mgr Serenelli: «Je sens profondément l’absence d’un idéal; c’est un vide dans ma vie que rien ne peut combler, aucune distraction, aucune folie, aucune occupation. Que m’importe à moi d’avoir la santé, une large aisance, un nom, si je suis devenue odieuse à moi-même? Vous qui avez consacré votre vie au soulagement de tant de misères, croyez que la mienne, pour être secrète et supportée avec un front impassible, n’est cependant pas des moindres».
Au cours de l’hiver 1900-1901, Alessandra laisse ses enfants à la garde d’une gouvernante et part, à la suite d’une Lady anglaise, pour un périlleux voyage d’exploration au Maroc. Alessandra remarque la religiosité de ses guides musulmans, qui se prosternent cinq fois par jour devant l’Éternel. Impressionnée, elle se demande si toutes les religions ne se valent pas: «J’ai estimé pendant longtemps que toutes les religions avaient une valeur presque égale et devaient par conséquent être toutes considérées du point de vue de l’utilité sociale» (lettre du 14 janvier 1902).
Cette mentalité est aujourd’hui fort répandue. L’Église y répond: «Le Christ, le Fils de Dieu fait homme, est la Parole unique, parfaite et indépassable du Père. En Lui Il dit tout, et il n’y aura pas d’autre parole que celle-là» (Catéchisme de l’Église Catholique, CEC, n. 65). «Il faut réaffirmer que la révélation de Jésus-Christ est définitive et complète. On doit en effet croire fermement que la révélation de la plénitude de la vérité divine est réalisée dans le mystère de Jésus-Christ, Fils de Dieu incarné, qui est le chemin, la vérité et la vie (Jn 14, 6)» (Déclaration Dominus Jesus, de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, le 6 août 2000, n. 4).
L’Église est fondée à donner avec assurance un tel enseignement parce que Jésus-Christ a prouvé par ses oeuvres qu’Il est Dieu. Il a pu dire à ceux qui allaient le mettre à mort: Si je n’accomplis pas les oeuvres de mon Père, continuez à ne pas me croire. Mais si je les accomplis, quand bien même vous refuseriez de me croire, croyez les oeuvres. Ainsi vous reconnaîtrez, et de plus en plus, que le Père est en moi, et moi dans le Père (Jn 10, 37-38). Le plus grand miracle de Jésus-Christ est l’événement historique, en même temps que transcendant, de sa propre résurrection. Lui-même l’a prédite publiquement, et les Apôtres l’ont attestée au risque de leur vie.
Remplie de doutes, Sandra s’adresse à Dieu: «Je priais quelquefois, écrira-t-elle, en demandant instamment à Dieu un rayon de lumière et de grâce, et surtout le don de la foi… Je répétais alors plusieurs fois, à d’assez grandes distances de temps, la promesse de donner ma vie à Notre-Seigneur, dans la forme la plus parfaite et complète qu’il me serait donné de concevoir, s’il daignait me faire cette grâce».
Par votre intercession, Alessandra, que nos craintes soient balayées afin de nous abandonner totalement au Christ Jésus.
Je vous salue Marie ×3
La Fécondité
De retour en Italie, Alessandra se replonge dans le monde; elle confie cependant à quelques personnes son désarroi et sa quête spirituelle. Le cardinal français Mathieu lui conseille d’étudier avec persévérance la philosophie et la théologie; il lui donne même un plan de travail. Malheureusement, au lieu de le suivre, elle se jette fiévreusement dans la lecture d’ouvrages de critique philosophique ou biblique d’esprit rationaliste. Selon son aveu, elle en sortira profondément troublée. Elle s’imagine pouvoir résoudre cette crise intellectuelle par un labeur loyal et persévérant. Mais vouloir conquérir la foi par ses propres forces, c’est oublier qu’elle est un don divin: Sans moi, vous ne pouvez rien faire, dit Jésus (Jn 15, 5). Croyant pouvoir tout lire sans discernement, Sandra est sans cesse ballottée par les flots mouvants du doute. Mgr Serenelli s’en aperçoit et, dans une lettre, il lui recommande d’être plus humble dans sa recherche de la Vérité: «La foi pure et lumineuse n’est pas le fruit de raisonnements humains, mais bien le don de Dieu… par conséquent, demandons au Seigneur le don de cette foi». À la suite des exhortations de ce prélat, en février 1902, elle se confesse et communie. Mais cette démarche manque de profondeur, n’engendre qu’une pratique sacramentelle intermittente, accomplie dans le trouble et l’incertitude: la foi n’est pas vraiment recouvrée. Une crise plus grave s’annonce.
Le 26 mai 1903, à la Scala de Milan, Alessandra est présentée à Gabriele d’Annunzio, ami de son frère. Cet homme à la mode, qu’on dit être le plus grand poète italien de son temps, déplaît au premier abord à la jeune femme, qui connaît sa réputation de séducteur. Lui, au contraire, conçoit une vive passion pour cette femme aussi belle qu’intelligente. Il ne se décourage pas devant sa froideur car il sait se rendre irrésistible par l’éclat incomparable de sa parole. Selon son aveu, Alessandra reçoit le «coup de foudre» le 12 novembre 1903, jour du mariage de son frère Carlo; elle accepte de revoir d’Annunzio plusieurs fois par la suite et tombe sous le charme de ce séducteur. Toutefois, Sandra essaie de fuir, répond par un refus aux lettres quotidiennes qu’il lui envoie. Elle envisage même une retraite dans un couvent du Cénacle que lui recommande Mgr Serenelli; cette retraite n’aura pas lieu. Dès lors, le piège se referme. Malgré les reproches de sa famille, en mai 1904, elle rejoint d’Annunzio dans sa villa de la «Capponcina», près de Pise, renonçant à son honneur et délaissant ses deux fils. L’enivrement des deux amants dure un an.
Au printemps de 1905, Sandra tombe gravement malade et doit être transportée en clinique où elle subit trois interventions chirurgicales. Elle redoute de mourir sans les sacrements, mais n’a pas le courage de rompre avec d’Annunzio. Lorsqu’elle sort de clinique, guérie, sa beauté est en partie flétrie et elle constate bientôt que le poète n’est plus le même avec elle; cet instable a déjà en vue une autre conquête. À la fin de 1906, il lui fait comprendre qu’elle est de trop à la «Capponcina». L’année qui suit est terriblement douloureuse pour Alessandra. Toutefois, cette lamentable aventure l’aide à comprendre qu’elle est faite pour aimer, non pas une créature, mais le Créateur. La béatitude à laquelle Dieu appelle l’homme «nous invite à purifier notre coeur de ses instincts mauvais et à rechercher l’amour de Dieu par-dessus tout. Elle nous enseigne que le vrai bonheur ne réside ni dans la richesse ou le bien-être, ni dans la gloire humaine ou le pouvoir, ni dans aucune oeuvre humaine, si utile soit-elle, comme les sciences, les techniques et les arts, ni dans aucune créature, mais en Dieu seul, source de tout bien et de tout amour» (CEC, 1723).
Par votre intercession, Alessandra, gardez nos cœurs brûlants d’amour pour le Christ afin que notre mariage porte du fruit et augmente en nous la capacité d’aimer.
Je vous salue Marie ×3
L’ouverture aux autres
De retour dans sa villa, à Garde, Alessandra renoue, fin 1907, avec Mgr Serenelli à qui elle écrit: «Je sais que ma prière est trop indigne de monter jusqu’à Dieu. Pourtant j’oserai dire avec le roi David: Ayez pitié de moi, Seigneur; guérissez mon âme, car j’ai péché contre Vous… Aidez-moi à trouver la voie qui me conduise à Dieu, car j’ai grande douleur d’être éloignée de Lui, et c’est là l’unique objet de mes pensées». Le prélat ne refuse pas de recevoir l’enfant prodigue, dont il entend bientôt la confession; dès le printemps 1908, Sandra fait une retraite de saint Ignace. Les Exercices de saint Ignace ont produit, à travers les siècles, des fruits abondants de sainteté. Le Pape Jean-Paul II, à la suite de ses prédécesseurs, les a recommandés pour tous et notamment pour les jeunes: «Ils sont une expérience presque nécessaire, particulièrement lors de certains moments délicats de la croissance, si nous voulons que les jeunes demeurent chrétiens» (17 novembre 1989).
Pour s’occuper de l’éducation de ses deux enfants, Alessandra engage comme précepteur un prêtre français, l’abbé Gorel, à qui elle expose ses ultimes objections contre la foi. Persuadée que la doctrine catholique est en contradiction avec sa raison, elle a du mal à admettre, par exemple, la possibilité du miracle. Elle n’a pas encore compris que, «bien que la foi soit au-dessus de la raison, il ne peut jamais y avoir de vrai désaccord entre la foi et la raison, étant donné que c’est le même Dieu qui révèle les mystères et communique la foi, et qui fait descendre dans l’esprit humain la lumière de la raison: Dieu ne pourrait se nier lui-même, ni le vrai contredire jamais le vrai» (Concile Vatican I, Dei Filius, IV). Le miracle est possible, puisque Dieu, qui est l’auteur des lois de la nature, a également la puissance d’y déroger. Jésus-Christ a fait des miracles pour prouver sa mission et sa nature divines, et Il donne ce même pouvoir à certains de ses Saints, en vue du bien des âmes.
L’abbé Gorel conseille alors à Sandra de faire le voyage de Lourdes. Celle-ci acquiesce, non sans scepticisme, et, le 5 août 1910, elle se trouve providentiellement présente au bureau des constatations médicales, lors de la guérison miraculeuse la plus remarquable de cette année là, celle d’un paralytique atteint de myélite incurable. Sa conviction sur la possibilité des miracles est désormais acquise. Dans un recueillement profond, elle se confesse à l’abbé Gorel, qui dira après sa mort: «Toutes les hésitations, tous les atermoiements, toutes les résistances étaient vaincues, et cette fois pour toujours». Alessandra précisera: «J’ai beaucoup réfléchi à l’acte que j’ai accompli à Lourdes et je suis heureuse de reconnaître que je n’ai pas agi poussée par un moment d’émotion religieuse, mais que j’ai accompli un acte volontaire et réfléchi, longuement préparé par des années d’étude et de méditation».
Par votre intercession, Alessandra, nous confions nos amis, famille et connaissances qui attendent la vie. Que l’Esprit-Saint anime en nous douceur et bonté, écoute et présence dans notre amitié pour chacun d’eux.
Je vous salue Marie ×3
L’engagement dans la société
La pensée de devenir Religieuse ne la quitte plus. Elle renouvelle à Dieu l’offrande d’elle-même et lui demande ses lumières. Elle qui, jadis, s’écriait, après avoir rendu visite à une Religieuse: «Pour mon compte, je pourrais supporter la pauvreté, mais non renoncer à mon indépendance et soumettre ma volonté à quelqu’un», aspire maintenant à obéir. Elle se sent attirée par le Carmel, en grande partie «parce que c’est un ordre de pénitence… J’ai une nécessité absolue d’une vie un peu dure, c’est une des raisons principales qui m’ont fait choisir le Carmel». Dès juillet 1911, la marquise prend le chemin de Paray-le-Monial, ville célèbre en raison des apparitions du Sacré-Coeur; l’abbé Gorel lui en a recommandé le Carmel. Mieux vaut la France que l’Italie où elle est trop connue. À peine arrivée, elle entend une voix intérieure lui dire: «C’est ici le lieu de ton repos». La Prieure l’accepte et l’entrée est fixée à l’automne suivant. Avant de quitter Garde, elle se rend à la paroisse pour demander pardon des scandales qu’elle avait donnés. Le 28 octobre 1911, la porte du Carmel de Paray se referme sur elle.
Le noviciat d’Alessandra, qui a pris le nom de Soeur Marie de Jésus, est une période éprouvante: malgré sa générosité, elle rencontre des difficultés pour s’habituer à une vie pauvre, dépendante. Elle a 35 ans et n’est en rien préparée à l’austérité de la vie carmélitaine, ni au cadre restreint d’un monastère de clôture. Mais surtout, c’est la sécheresse spirituelle qui la torture dès le début de 1912: «Impossible de prier, de penser, de lire. Je ne vois pas la fin de cette épreuve. Je ne sais si elle est divine, ou si j’ai sombré dans un abîme sans fond», écrit-elle dans son journal. Seules restent intactes la foi, conquise si laborieusement, et la certitude de sa vocation religieuse. Cependant, dès 1914, les consolations et les grâces mystiques succèdent à cet état de délaissement intérieur.
Le démon, que cette novice trouble fort, la tracasse de mille façons, y compris par des persécutions physiques, souvent perçues par les autres Carmélites: vacarmes étranges, bruits de pas qui suivent Soeur Marie de Jésus… Mais elle ne se laisse pas intimider. Son attrait pour la souffrance réparatrice et la pénitence est très vif; il doit même être freiné par sa Prieure. Nommée infirmière, elle s’occupe d’une Carmélite atteinte de tuberculose. Tandis qu’elle fait une piqûre à la malade, par un faux mouvement elle se pique avec la seringue et s’inocule le microbe. Quelques jours plus tard, la maladie commence à se manifester chez l’infirmière improvisée: accès de fièvre, abcès énormes qui se reproduisent à brefs intervalles pendant quatre ans. Mais elle ne meurt pas; le Seigneur a encore besoin d’elle. Le 26 avril 1913, pendant une accalmie de la maladie, Soeur Marie de Jésus prononce ses voeux. Un an après, la Prieure nomme cette toute jeune professe Maîtresse des Novices.
En 1916, elle perd ses deux fils, atteints eux aussi de tuberculose. Puis, en mars 1917, c’est le décès de la Prieure de Paray. Soeur Marie de Jésus est élue pour lui succéder. Elle marque profondément son Carmel par une spiritualité exigeante, et insiste sur le rôle des contemplatives, chargées par Dieu et par l’Église d’obtenir, à force de prière et de sacrifices, les grâces de conversion dont le monde a besoin. Elle pense à tant d’âmes qui, comme elle naguère, cherchent la lumière.
Grâce aux nombreuses vocations qui affluent au Carmel de Paray, Mère Marie de Jésus peut entreprendre trois fondations: en 1924, celle du Carmel de Valenciennes; en 1928, celle de Montmartre, à deux pas de la Basilique du Sacré-Coeur, à Paris. Cette seconde fondation se réalise au milieu de nombreuses difficultés matérielles et politiques. Enfin, à partir de cette même année 1928, a lieu la reprise de l’antique Chartreuse du Reposoir, située dans une haute solitude de Savoie. Mère Marie de Jésus se sent, en effet, poussée à établir un «Carmel sur la montagne» pour glorifier Jésus-Christ dans le mystère de sa Transfiguration. Très délabré, le domaine doit être patiemment restauré; Mère Marie de Jésus y passe chaque été. L’établissement de la clôture est prévu pour 1931.
Par votre intercession, Alessandra, nous vous confions toutes les lois et les idées du monde qui blessent la dignité que Dieu nous a donnée (Avortement, GPA, euthanasie, etc.).
Je vous salue Marie ×3
Frères et sœurs dans le Christ
Mais en mars 1930, la Mère est atteinte d’une affection du foie et des reins; elle veut cependant partir pour Le Reposoir afin de surveiller les derniers travaux. Sa maladie s’aggrave en novembre. Transférée dans une clinique à Genève sur ordre des médecins, elle subit quatre interventions chirurgicales infructueuses. Elle reçoit les derniers sacrements et s’éteint le 2 janvier 1931 en prononçant la dernière parole de Jésus en croix: Entre vos mains, Seigneur, je remets mon esprit. Alors que l’effroi était sa réaction habituelle en face de la mort, elle avait confié quelques jours plus tôt: «J’ai éprouvé quelque chose que je n’avais jamais ressenti à l’approche de la mort: l’attrait de Dieu, la soif de Dieu; et j’ai compris comment il était facile et bon d’aller vers Lui… Tandis que physiquement, j’éprouvais les plus angoissantes souffrances, mon âme était dans une paix, dans un bonheur indicibles, par cette présence qui comble tout».
Encouragés par l’exemple de la conversion d’Alessandra, demandons à l’Esprit-Saint de nous guider nous aussi, selon la promesse de Jésus, vers la vérité tout entière (cf. Jn 16, 13) afin que nous allions à Dieu, en qui se trouvent le bonheur et la paix pour lesquels nous sommes créés.
Par votre intercession, Alessandra, je confie au Seigneur les intentions de chacun des membres de notre groupe de prière.
Je vous salue Marie ×3
Prière à Notre Dame
du Père Léonce de Grandmaison
Sainte Marie, Mère de Dieu, gardez-moi un coeur d'enfant,
pur et transparent comme une source ;
Obtenez-moi un coeur simple, qui ne savoure pas les tristesses,
Un coeur magnifique à se donner, tendre à la compassion,
un coeur fidèle et généreux, qui n'oublie aucun bien et ne tienne rancune d'aucun mal.
Faites-moi un coeur doux et humble, aimant sans demander de retour,
joyeux de s'effacer dans un autre Coeur, devant votre divin Fils.
Un coeur grand et indomptable,
qu'aucune ingratitude ne ferme, qu'aucune indifférence ne lasse,
Un coeur tourmenté de la gloire de Jésus-Christ,
blessé de son Amour, et dont la plaie ne guérisse qu'au ciel.
Amen
Bibliographie :
Lettre de Dom Antoine Marie osb, abbé l’Abbaye Saint-Joseph de Clairval, 24 juin 2005, Lien web