Bienheureux Frédéric Ozanam (1813-1853)
en communion avec son épouse Amélie
Fondateur des Conférences Saint Vincent de Paul
Commémoré le 9 septembre
Frédéric et Amélie Ozanam, un Couple enflammé de Charité
Source : Equipes Notre-Dame
Bienheureux Frédéric Ozanam
Eveil d’une vocation
Frédéric Ozanam naît en 1813 dans une famille frappée par de nombreux décès. Sur onze enfants, seulement trois vivront. En 1815, les Ozanam s’installent à Lyon où le père trouve une charge de médecin. Frédéric reçoit une éducation chrétienne. Il accompagne régulièrement sa mère qui va porter secours à des familles dans le besoin..
Vers l’âge de quinze ans, Frédéric connaît une douloureuse période de doute. L’enseignement de son professeur de philosophie, l’abbé Noiret, Le physicien Ampère le comparait à Socrate et Victor Cousin le proclamait « premier professeur de France ». le sauve. « Je crus désormais d’une foi assurée et, touché d’un bienfait si rare, je promis à Dieu de vouer mes jours au service de la vérité qui me donnait la paix. » Ce n’est pas seulement une promesse en l’air et, dès lors, le jeune homme prépare un immense ouvrage apologétique qu’il propose d’intituler « Démonstration de la vérité de la religion catholique ». Il y travailla toute sa vie.
La foi qui opère par la charité
A seize ans, Frédéric vient d’achever son baccalauréat ès lettres. Son père décide qu’il sera magistrat. Il s’incline devant cette volonté mais n’abandonne pas son grand projet. Parallèlement au droit, il étudie l’allemand, l’hébreu, le sanscrit, s’applique à l’étude de la Bible et des Pères de l’Église. Il est d’une érudition étonnante pour son âge.
En 1831, il poursuit ses études à Paris. L’heure est à l’anticléricalisme, les intellectuels trouvent leur plaisir à ridiculiser la foi. Le christianisme est présenté comme l’ennemi de la science et de la liberté, exactement le contraire de ce que veut montrer Ozanam. Il estblessé au plus vif de sa conscience par les attaques de certains professeurs contre l’Église. Avec quelques-uns de ses condisciples, il proteste contre cette attitude et adresse des objections écrites à ses professeurs. Ozanam met toute son intelligence au service de la foi et fait sien le précepte de saint Anselme : « Fides quærens intellectum » (la foi recquiert l’intelligence). Il a un très grand souci apostolique et veut démontrer le rôle bienfaisant de l’Église à travers l’histoire, notamment afin d’amener à Dieu ses condisciples athées.
Ozanam fréquente la « conférence d’histoire », présidée par M. Bailly. Un de ses amis lui fait remarquer à quel point les joutes intellectuelles qui ont lieu lors de ces réunions sont décevantes. Ce reproche touche Ozanam qui comprend que la foi sans les œuvres est une foi morte. « Vous qui vous vantez d’être catholique, que faites-vous ? Où sont les œuvres qui démontrent votre foi et qui peuvent nous la faire respecter et admettre ? »
En mai 1833, sous son impulsion est fondée la Conférence de Charité, dont la tâche principale est la visite des pauvres à domicile agrémentée de secours en nature. Les jeunes étudiants s’adressent à sœur Rosalie, l’illustre Fille de la Charité du quartier Mouffetard, pour trouver des pauvres car ils n’en connaissent pas.
Sœur Rosalie fait confiance à ces jeunes messieurs et leur donne une liste d’adresses, ainsi que quelques bons conseils. Le but de la Conférence est la sanctification de ses membres par le service des pauvres. Le Christ nous conduit aux pauvres et les pauvres nous conduisent au Christ. Modestement, humblement, Ozanam veut établir des contacts personnels d’homme à homme entre les heureux et les malheureux, les riches et les pauvres, redonnant ainsi aux misérables une dignité humaine. La Conférence de Charité se développe rapidement et deviendra la Conférence Saint-Vincent-de-Paul. Le jeune étudiant se dévoue sans compter et visite des centaines de pauvres. Il laisse à d’autres la présidence et les fonctions honorifiques de la société. Ozanam a voué sa vie à la vérité et, insensiblement, elle l’a conduit à la charité.
Frédéric Ozanam est aussi à l’origine des Conférences de Carême de Notre-Dame. Malgré les réticences de l’évêque de Paris, Mgr de Quelen, les premières ont lieu en février 1834.
Ces luttes et ces engagements ne nuisent pas au travail de Frédéric Ozanam. En 1835, il passa avec succès les épreuves de la licence ès lettres et, en avril 1836, il soutient sa thèse de docteur en droit.
De retour à Lyon, Frédéric Ozanam, qui a vingt-trois ans, perd son père puis sa mère. Son travail ne l’intéresse guère, mais la Providence, comme il le reconnaît lui-même, va lui permettre d’obtenir une chaire de professeur de lettres en Sorbonne, en 1841.
S’il est éclairé par sa vocation professionnelle, il n’a en revanche aucune lumière sur l’état de vie qu’il doit embrasser pour se consacrer à sa tâche : célibat dans le monde, mariage ou vie religieuse. « Je sens en moi se faire un grand vide que rien ne remplit, ni l’amitié, ni l’étude. J’ignore qui viendra la combler : sera-ce Dieu ? Sera-ce une créature ? » Frédéric attend. Un ami prêtre lui présente une jeune fille qu’il épouse le 23 juin 1841. Le 24 juillet 1845, ils ont une petit fille qu’ils prénomment Marie.
Frédéric Ozanam consacre sa vie à la préparation de ses cours, à la recherche en vue de sa grande œuvre apologétique, à la visite des pauvres. Il voyage notamment en Italie et écrit beaucoup, mais il est miné par la maladie. Le 8 septembre 1852, il retourne au Père dans une grande paix intérieure. Ozanam n’est pas seulement le fondateur d’une œuvre charitable : il a mis sa foi dans toute sa vie. Il sera béatifié le 22 août 1997 à Notre-Dame de Paris.
La question sociale
Ozanam participe au débat de son époque sur la question sociale. Pour lui, dans le sillage de saint Vincent-de-Paul, l’amour des pauvres est d’abord un acte de charité évangélique. L’aumône n’est pas seulement une nécessité économique pour celui qui la reçoit, mais aussi une nécessité spirituelle pour celui qui la donne. Le service des plus démunis ne remplace pas la justice, mais va bien au-delà de la justice puisqu’il permet la réconciliation entre les hommes. Ozanam n’est pas un théoricien, pourtant, dans son discours de droit commercial professé à Lyon en 1840, il élabore la future doctrine sociale de l’Église cinquante ans avant l’encyclique Rerum Novarum.
Le travailleur fait une tâche divine que seul le christianisme a reconnue et qui doit être considérée à sa juste valeur. La dignité personnelle de l’homme, reflet de son créateur, oblige à respecter le travailleur. Il réclame donc de l’employeur non seulement un salaire minimum, mais aussi des allocations familiales et une retraite. Ozanam repousse tour à tour la solution du socialisme, qu’il appelle « intervention dictatoriale du gouvernement », et la solution du libéralisme, « liberté absolue, laisser-faire », qui met l’ouvrier à la merci de l’entrepreneur.