Saint Gomer (†775)

Saint Gomer

Chevalier à la cour de Pépin-le-Bref, Patience avec son épouse

Commémoré le 11 octobre

«  Gomer, appelé aussi Gomrnaire, naquit à Emblehem, près de Lierre, au diocèse (romain) actuel de Mechelen (Malines), vers le commencement du VIIIe siècle. Ses parents l’élevèrent dans la pratique des maximes de l’Evangile. L’enfance et la jeunesse de notre Saint se passèrent dans l’innocence ; il était pieux, doux, affable et plein de compassion pour les malheureux.

Pépin, étant devenu, de maire du palais, roi des Francs, le fit venir à la cour. Gomer sut y conserver son innocence ; fidèle à tous ses devoirs, il n’avait aucun des vices qui sont si communs parmi les courtisans. Le jeûne et la prière le fortifiaient contre la corruption générale ; il était généreux, et en quelque sorte prodigue, quand il s’agissait d’assister ceux qui étaient dans le besoin. Loin de faire le moindre tort à son prochain, il cherchait à faire du bien à tout le monde.

Pépin, qui, malgré ses défauts, savait rendre justice au mérite, lui confia les places les plus importantes ; il lui proposa même un parti considérable pour la naissance et la fortune, dans la personne de Gwinmarie : le mariage fut bientôt conclu et célébré.

Peu de temps après leur mariage, Gomer fut obligé de suivre le prince à la guerre, et de laisser ainsi sa maison sous la conduite de sa femme. Mais il s’en fallait de beaucoup que Gwinmarie ressemblât à Gomer ; c’était une femme acariâtre. Sa conduite devint pour son mari une source continuelle d’épreuves bien pénibles. Gomer souffrait sans se plaindre, n’attendant que de Dieu sa consolation.

Il employa tous les moyens possibles pour gagner celle qui, malgré tous ses travers, était son épouse devant Dieu et les hommes ; mais tous ses efforts furent inutiles. Ayant été obligé de suivre le roi Pépin dans les différentes guerres qu’il fit en Lombardie, en Saxe et en Aquitaine, il fut nécessairement éloigné d’elle pendant l’espace de 8 ans.

A son retour, ses peines devinrent encore plus grandes. Il trouva les affaires de sa maison dans l’état le plus déplorable. Ses domestiques, ses fermiers et ses vassaux se plaignirent des indignes traitements qu’ils avaient eu à souffrir. Il leur accorda à tous la satisfaction qu’ils demandaient.

Etant parti en pélerinage vers Rome, notre Saint, un soir, crut pouvoir faire couper un arbre, sur le bord d’une forêt, pour reposer sa tête. Le propriétaire l’injuria, le menaça à cause du dommage qu’il lui avait causé. Gomer s’excusa humblement et promit de le réparer. En effet, il passa la nuit en prières, et le lendemain matin il unit les 2 parties de l’arbre, qui devint tout à coup aussi vigoureux qu’il était. Le propriétaire étant revenu, et voyant son arbre sur pied et plein de verdure comme auparavant, admira la vertu de Gomer, et, ne se croyant pas digne de posséder une terre où un si saint homme avait campé, il la lui donna avec l’arbre qui était dedans. Un Ange apparut aussi à notre saint confesseur, et lui déclara que ce n’était pas la volonté de Dieu qu’il aille à Rome ; mais ce qu’il exigeait de lui, c’était que, dans sa terre de Nivesdonck, il bâtît un ermitage pour lui servir de retraite pendant sa vie et de sépulture après sa mort.

Le Saint obéit aux ordres du Ciel, bâtit une église en l’honneur de saint Pierre, avec un ermitage, et choisit ce lieu pour sa demeure.

Il ne quitta pas pour cela le soin de sa famille : il allait de temps en temps à sa terre d’Emblehem, où il rendait aux pauvres et aux malheureux tous les devoirs de la charité Chrétienne. Il revêtait les uns, et donnait à boire et à manger à ceux qui avaient faim et soif. Il avait un soin extraordinaire des malades, et ne souffrait pas qu’ils manquassent de rien. Il recevait les pèlerins et les traitait avec toute sorte de bienveillance ; il assistait les veuves et se faisait leur protecteur. Enfin il était le père commun de toutes les personnes qui étaient dans la nécessité.

Cependant, loin d’imiter de si beaux exemples, Gwinmarie continuait ses mauvais traitements envers ses serviteurs. Un jour que ses moissonneurs étaient tourmentés de la soif, elle ne voulut pas souffrir qu’ils prissent un moment de relâche pour aller se rafraîchir. Mais le saint homme, qui vint à passer par là, frappa la terre de son bâton, et fit jaillir, pour les désaltérer, une source que l’on voit encore aujourd’hui au village d’Emblehem. Sa femme fut saisie d’une fièvre si violente qu’elle était sur le point de mourir. Elle en fit avertir le Saint, qui lui rendit au plus tôt la santé par le Signe de la Croix et lui fit prendre un verre d’eau qu’il lui présenta de sa propre main. Par ses bontés et plus encore par ses prières, il la convertit entièrement : Gwinmarie passa dans la pénitence le reste de sa vie et mourut de la mort des justes.

Saint Rombaut, qui avait quitté l’évêché de Dublin, en Irlande, pour venir en Belgique, éclairait toutes ces provinces par sa doctrine et par ses exemples. Il lia une si étroite amitié avec notre Saint, que, pour avoir plus de liberté de s’entretenir avec lui des choses divines, il marqua un lieu, appelé Stadek, entre la demeure de l’un et de l’autre où tous 2 devaient se trouver à jour nommé pour cette pieuse conférence.

La première fois qu’ils s’y assemblèrent, les bâtons secs qu’ils avaient apportés à la main prirent racine et portèrent des fleurs et des feuilles. Tout le voisinage fut extrêmement édifié de leur union. Il se faisait un grand concours de peuple toutes les fois qu’ils s’assemblaient. Enfin, on bâtit en cet endroit un oratoire, où, au jour de la conférence, on célébrait les saints Mystères. Saint Gomer mourut dans la paix et dans le baiser du Seigneur, le 11 octobre, vers l’an 774.

Il est représenté parlant de la Foi avec saint Rombaut (Rumold). Il tient un bâton qui pousse des feuilles comme celui de son compagnon.

Son corps fut d’abord inhumé dans l’église d’Emblehem, où il était décédé ; mais, Dieu ayant révélé à une sainte religieuse nommée Vrachilde, qu’il devait être enterré dans l’église de Saint-Pierre, auprès de son ermitage, on le mit dans un bateau pour l’y transporter. Et alors le bateau monta de lui-même, sans voile, sans rames et sans batelier, contre le cours de l’eau, jusqu’à ce qu’il fût arrivé au lieu que la divine Providence lui avait marqué. Ce lieu, appelé Nivesdonck, fut peu après nommé Ledo ou Ledi. C’est le nom qu’on lui donne dans le partage du royaume qui se fit en 870 sous Lothaire, roi d’Austrasie. Enfin, l’affluence des fidèles, que la piété y attira pour honorer la mémoire de saint Gomer, donna naissance à la ville de Lierre.

Les reliques du saint furent conservées pendant plusieurs siècles dans la chapelle qu’il avait bâtie. Elles furent transférées ensuite dans la belle église collégiale de Saint-Jean, qui prit le nom de Saint-Gomer, et qui est aujourd’hui comme autrefois l’église paroissiale. Ces reliques, dont l’authenticité fut constatée en 1804 par l’archévêque de Malines Jean-Armand de Roquelaure, sont conservées dans une magnifique châsse d’argent, faite en 1682, chef-d’oeuvre de ciselure et d’ornementation, que l’esprit religieux des Lierrois a su dérober à la cupidité des révolutionnaires français du XVIIIe siècle.

Gummarus, Gommer, Gommaire ou Gomaire.
Noble chevalier qui vivait à la cour du roi des Francs, Pépin, et qui épousa une femme noble de naissance mais non de conduite. Il n’en quitta pas pour autant le soin de sa famille, même si les charges militaires l’entraînaient souvent au loin. Par sa bonté, sa patience et sa prière, il la fit changer de vie et devenir pénitente jusqu’à sa mort. Il fonda le monastère de Lierre en Belgique, où il vécut lui-même en ermite ».